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qu’elle soit toujours espacée ainsi qu’il a été recommandé.

Second labour de culture. Il est semblable au précédent ; on attend pour le donner que le maïs ait un pied environ ; dans tous les cantons où la main d’œuvre n’est pas chère, on se sert pour ces labours de culture d’une houe ou bêche courbée ; on continue d’arracher les mauvaises herbes, & on détache les rejettons qui partent des racines, & qui ne produiroient que des épis foibles & non murs si on les laissoit subsister ; ainsi en les arrachant on augmente l’abondance du grain & le fourrage pour les bestiaux.

Troisième labour de culture. Dès que le grain commence à se former dans l’épi, il faut se hâter de donner ce travail, parce que c’est précisément l’époque où la plante en a le plus grand besoin : il convient aussi de bien nettoyer le champ des mauvaises herbes qui ont cru depuis le dernier travail, & de bien rechauffer la tige ; ce n’est, à bien dire, qu’après ce troisième labour de culture, que le maïs a acquis assez de force pour n’avoir plus rien à appréhender, & qu’on peut planter dans les espaces vides que laissent les pieds entr’eux, différens végétaux, tels que les haricots, les fèves, les courges, qui, pouvant croître à son ombrage sans nuire à la récolte du grain, présentent les avantages d’une double moisson.


Section XI.

Du temps & de la manière de faire la récolte.


Quelque temps avant la récolte du maïs, il faut songer à enlever la portion de la tige qui est à ses extrémités & au-dessous de l’épi, mais prendre garde de trop se presser à faire ce retranchement. Indépendamment de l’utilité des feuilles, commune à toutes les plantes qui végètent, celles du maïs en ont une particulière, qui rend leur conservation précieuse jusques à l’époque de la maturité du grain ; elles forment une espèce d’entonnoir, présentant une large surface à l’atmosphère, & ramassant pendant la nuit une provision de rosée si abondante, que si le matin au lever du soleil on entre dans un champ de maïs dont le sol soit d’une terre légère, on apperçoit le pied de chaque plante mouillé comme s’il avoit été arrosé.

Coupe des tiges. Le moment où il est possible de faire cette opération sans danger, c’est quand les filamens sont sortis des étuis de l’épi, qu’ils commencent à sécher & à noircir. En enlevant les pannicules avant le temps, on nuiroit directement à la fructification de la plante, puisqu’elles contiennent les fleurs mâles destinées à féconder les fleurs femelles ; mais il est toujours important que la récolte de la tige précède celle du grain, parce qu’ayant, comme les autres parties des végétaux, son point de maturité, elle deviendroit cotonneuse, dure & insipide si elle continuoit de demeurer attachée à la plante ; au lieu qu’en la coupant lorsqu’elle est encore muqueuse & flexible, elle conserve, étant séchée en bottes au soleil, nouées avec les feuilles sur le corps de la plante, une plus grande quantité de principes nourrissans, & fournit par conséquent un meilleur fourrage. À moins donc qu’il ne faille laisser la tige sur pied, pour étayer