Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Medicago sativa. Tournefort la place dans la quatrième section de la dixième classe, destinée aux herbes à fleurs de plusieurs pièces irrégulières, en papillon, qui portent trois feuilles sur le même pétiole. Il l’appelle Medicago major, erectior, floribus purpureis.

Fleurs. En papillon, composée de cinq pétales. B représente le supérieur ou l’étendard. C les latéraux, ou aîles, mais un seul est dessiné ; l’inférieur D, ou la carene, est représenté ouvert. Les étamines E, réunies à la base de leur filet, un seul excepté. Cette réunion, par la base, forme une espèce de membrane, & en F elle est représentée ouverte. C’est cette membrane qui compose le tube E. Le pistil est figuré en G ; le calice H est divisé en cinq dents égales & pointues.

Fruit. I. Légume contourné en spirale comme les sillons de la coquille d’un limaçon. Cette spirale s’ouvre en deux battans, sur toute sa longueur, & dans sa parfaite maturité laisse échapper les semences K qui sont attachées à la nervure de cette gousse qui leur sert de placenta.

Feuilles. Trois à trois sur un pétiole ; les folioles ovales, ou en forme de fer de lance ; dentées à leur sommet.

Racine. A. Blanche, ligneuse, profondément pivotante.

Port. Tige d’un pied au moins de hauteur, & souvent de deux, suivant les saisons ; sans poil, lisse, droite ; les fleurs portées par des pédoncules, sont disposées en grappes deux fois plus longues que les feuilles. Les pédoncules sont terminés par un filet ; les feuilles sont placées alternativement sur les tiges ; elles ont des stipules au bas de la pétiole.

Lieu. Naturelle à l’Espagne & à la France méridionale. La plante est vivace.

Von Linné compte huit espèces de luzerne, que je ne décrirai pas, à cause de leur peu de qualité relativement à celle dont on a parlé, & parce qu’elle ne fait pas d’ailleurs l’ornement des jardins. La luzerne en arbre fait exception à cette régle. Comme elle est toujours verte & fleurie pendant toute l’année, à l’exception du temps des gelées, ses feuilles sont toujours vertes, & on peut placer la plante sur le devant des bosquets. Elle est originaire des isles de la Méditerranée, & dans nos provinces du nord elle demande l’orangerie pendant l’hiver, ou du moins de bons abris. Elle diffère de la précédente par sa tige en arbre, par ses légumes en forme de croissant. Von Linné la nomme Medicago arborea. Elle aime les terres qui ont beaucoup de fond ; mais pour l’usage ordinaire, on doit préférer la luzerne.


§. I. Du sol qui convient à la luzerne.


Plusieurs auteurs avancent quelle réussit dans toutes sortes de terreins. Cette assertion est vraie quant à sa généralité, & très-fausse dans le particulier. J’ai dit très-souvent dans le cours de cet ouvrage, que l’on pouvoit établir une règle sûre en agriculture, quant à la nature du sol que demandent les plantes, par la seule inspection de leurs racines. Celle de la luzerne est pivotante, peu fibreuse, & plonge tant qu’elle trouve la terre qui lui est propre. Il n’est pas rare