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l’état naturel, humectés, & dépourvus de beaucoup d’odeur ; la peau noire & lâche ; les boutons pleins d’un pus blanchâtre ; la soif supprimée ; le retour de l’appétit ; les jambes enflées ; la rumination & la dessication, sont les signes avant-coureurs d’une parfaite guérison ; tandis que la tuméfaction du ventre, les mugissemens, les défaillances, la débilité, les tremblemens, les convulsions, la rétention d’urine, la diarrhée & la dyssenterie, n’annoncent rien que de fâcheux.

Cette maladie est plus fréquente en été qu’en hiver, & elle est moins meurtrière au printemps qu’en automne. Les cantons qui abondent en pâturages marécageux, sont beaucoup plus exposés que les autres.

M. Reynier admet pour cause prochaine de cette épizootie, un alkali fixe, provenant, 1° de la mauvaise qualité des eaux, dont le bétail est abreuvé ; 2°. du fourrage corrompu ; 3°. des fatigues excessives ; 4°. des écuries trop balles & mal aérées 5°. du défaut de boisson ; 6 ° de l’intempérie de l’air.

L’existence de l’alkali fixe, développé dans les humeurs de l’animal, sain ou malade, est, selon M. Vitet, une chimère qu’aucune expérience ne peut maintenir dans l’esprit d’un observateur exact.

Sans nous arrêter ici à toutes ces causes, nous nous bornerons seulement à décrire les indications générales que présente cette maladie. Elles se réduisent à prévenir l’inflammation & la putridité, à en arrêter les progrès, à les combattre, si les symptômes en sont déjà déclarés, & à empêcher la gangrène de se manifester dans les tumeurs inflammatoires.

Pour remplir la première indication, il faut d’abord chercher à abattre la violence de la fièvre, la chaleur, l’altération & les autres symptômes qui en sont les suites. Il semble, au premier coup d’œil, que la saignée devroit être indiquée ; mais, en faisant attention que dans la Suisse, le bétail du paysan manque de sang plutôt que d’en avoir de surabondant, attendu la disette d’aliment, dont il a fort souvent à souffrir, on verra clairement, que la saignée ne corrigeroit en rien la nature du sang, & que son effet consisteroit uniquement à produire une révolution dans le cours des fluides. Il s’agit donc plutôt de combattre la mauvaise qualité des humeurs, que la pléthore. (Voyez ce mot) Pour cet effet, ayez recours à l’eau pure, plutôt fraîche que tiède, au petit-lait, aux sucs de laitues, de berle, de blette, aux décoctions d’orge, de semences de courges ou concombres, administrées sous forme de breuvage, ou de lavement ajoutez-y, si le mal est urgent, du sel de nitre, du crystal mineral, &c. Le vinaigre, mêlé avec suffisante quantité de miel, & étendu dans une décoction de feuilles de mauve ou de pariétaire, mérite la préférence sur tous les autres médicamens, soit qu’on le donne en breuvage, soit qu’on l’administre en lavement. Lorsque la diarrhée est considérable, & que la dyssenterie commence à paroître, diminuez la quantité du vinaigre, & ajoutez au petit-lait deux onces de quinquina, ou quatre onces d’écorce de frêne en