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on les plantera dans le sol destiné à les recevoir. Leur reprise sera assurée si on a eu la précaution de les semer dans des pots, parce que les racines ne seront point endommagées dans le dépotement, & la plante ne s’appercevra pas du changement. Si la terre est trop sèche lors de l’opération qui doit se faire au premier printemps, on arrosera un peu la terre des pots, afin qu’elle fasse prise.

Le bois gentil est un des arbustes les plus agréables au premier printemps. Ses fleurs couvrent ses tiges, ses rameaux, & les feuilles ne paroissent qu’après les fleurs. Cet arbuste ne se plaît réellement bien que sur les montagnes où il produit le plus joli effet. Dans la plaine & dans les provinces où la chaleur est vive, il végète pendant deux ou trois ans, & y périt de langueur. On peut le transplanter pendant tout l’hiver. Il vaut mieux le faire dès le commencement, à cause de sa grande tendance à fleurir dès que la chaleur se renouvelle. Il a une jolie variété à fleurs blanches.

Le garou est joli par la masse touffue de ses tiges qui s’arrondissent d’elles mêmes à leur sommet, & forment une surface unie. Lorsque l’arbuste est chargé de ses petits fruits rouges, il est très agréable à la vue. L’époque à laquelle on peut transporter cette plante de son lieu natal dans les jardins, est à la fin de l’automne. Elle demande un terrein sec & aride. Les arrosemens lui sont contraires.

Propriétés médicinales. Les feuilles, l’écorce, la racine & la plante entière sont très-âcres & caustiques ; elles offrent un purgatif des plus violens, dont la prudence interdit l’usage, même à la plus petite dose.

L’usage ordinaire de ces plantes, & sur-tout du garou plus actif que les autres, est de détourner les humeurs, soit employées en séton sur les animaux, soit en manière de cautère sur l’homme. On applique l’écorce moyenne sur la portion du tégument qu’on veut enflammer, afin d’y déterminer un écoulement des humeurs séreuses. Dans les maladies qui demandent un prompt secours, il vaut mieux appliquer les vésicatoires, parce qu’ils agissent plus vite ; mais comme les mouches cantarides portent sur la vessie, c’est une observation à faire avant de s’en servir, sur-tout s’il y a déjà quelques dispositions à l’inflammation.

On fait macérer dans le vinaigre & dans l’eau tiède, pendant cinq à six heures, des petites branches. Fendez la branche, séparez l’écorce, & rejetez la partie ligneuse. Appliquez un morceau de l’écorce de la longueur d’un pouce ou deux, & de la largeur de six lignes environ, suivant la portion des tégumens où vous désirez établir la déviation ; recouvrez l’écorce avec une compresse, assujettie par une bande : au bout de douze heures, levez l’appareil ; renouvellez l’application soir & matin, jusqu’à ce qu’il s’écoule une grande quantité d’humeurs : alors ne changez l’écorce que toutes les vingt-quatre heures, & même toutes les trente-six heures. Si l’inflammation est trop vive, substituez des feuilles de poirée, (Voyez ce mot) ou du beurre très frais, & ne recommencez l’application de l’écorce que lorsque la peau ne fournit plus, ou très-peu d’humeurs.

Très-souvent il s’établit derrière les oreilles des enfans un écoulement