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dans le nord que par simple curiosité, ou comme laitues à couper, parce qu’en automne on en a beaucoup d’autres. Il n’en est pas ainsi dans les provinces du midi, j’avoue qu’elles me font grand plaisir après la Toussaint & au premier printemps ; j’ai alors une espèce qui a l’air de petite laitue pommée, ou plutôt qui commence à faire sa pomme : elle est assez agréable ; on l’appelle laitue épinard, parce qu’on la coupe comme des épinards, elle repousse jusqu’à ce qu’elle monte. L’impériale, la dauphine & ces deux dernières sont, je pense, les seules qui poussent des drageons. À ces laitues blondes on peut réunir les deux laitues suivantes : la bagnolet & la petite courte ; feuilles blondes, lisses, pomme grosse, jaune & ferme ; semence blanche, hâtive, elle pomme & monte facilement ; sous cloche, elle a moins besoin d’air que beaucoup d’autres, elle réussit bien en pleine terre, graine peu.

La vissée, laitue originaire d’Italie, en forme de vis, & ce qui l’a fait appeler vissée par M. Decombes, qui, le premier, a cultivé cette espèce en France. Feuilles extérieures d’un verd jaunâtre, frisées, cassantes ; l’ensemble des intérieures a la forme alongée d’un pain de sucre, terminé en pointe avec des enfoncemens & des élévations, qui tournent de bas en haut à la manière des vis de pressoir ; sa graine est noire & peu abondante. Cette laitue est douce & tendre, c’est une bonne espèce à semer en janvier, février & mars, dans nos provinces du midi.

Je n’ai pas parlé de la laitue commune, & que j’aurois dû placer après la laitue sauvage ; elle est trop médiocre en qualité, & cette médiocrité la fait exclure des jardins. Je pense cependant que si la laitue sauvage est le type de toutes les espèces cultivées dans les jardins, la laitue commune tient le premier degré de perfectionnement : un amateur devroit s’occuper de cette filiation.

J’ai employé les dénominations reçues & adoptées par les meilleurs écrivains sur le jardinage. Il auroit été de la dernière impossibilité d’établir une synonymie pour les noms usités dans les provinces.


Section II.

Des laitues alongées, vulgairement nommées Chjcons.


M. l’abbé Nollin assigne trois caractères particuliers aux laitues romaines ou chicons, & qui les distinguent des laitues dont on vient de parler. 1°. La feuille est alongée, étroite à la base, large & ordinairement arrondie à son extrémité, presque lisse, n’étant frisée, ni froncée, ni cloquée, ou du moins l’étant peu. 2°. Aucune de ces feuilles ne s’étend horizontalement, mais toutes se soutiennent droites, se rapprochent les unes des autres, sans cependant se serrer ni former de tête compacte ; de sorte que la plupart des variétés ont besoin d’être liées comme la scariole, parce que les feuilles blanchissent & s’attendrissent. 3°. Elle est parfaitement douce, au lieu que les laitues pommées, les plus douces, ont une pointe d’amertume. Les chicons réussissent beaucoup mieux dans les provinces du midi que dans celles du nord ; ils y sont bien plus doux, & n’ont besoin ni de cloches, ni de couches.