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troupeaux ; ils vivent comme ils peuvent : on doit cependant en excepter le Comté de Nantes. On y élève trois sortes de bêtes à laine ; le mouton rochelois, celui d’Anjou & de Poitou. Les deux premiers n’ont point de cornes, & ceux d’Anjou sont blancs à un quinzième près des bêtes à toisons noires. Ceux que l’on distingue par le nom de Poitou, noirs ou gris, sont moins forts que les précédens ; ils n’ont guère que vingt pouces de longueur, & peuvent passer pour une race dégénérée. Le mouton de plaine peut avoir deux pieds & demi, & celui d’Anjou trois pieds.

On voit du côté de Missillac, dans les troupeaux qui pâturent sur les landes, des brebis dont la tête est chargée de cornes.

Il y a 10 ans environ que M. Grou, Négociant de Nantes, fit venir de Hollande un troupeau, qu’il établit sur les bords de la Loire, du côté d’Ancenis. Les bêtes étoient longues de trente six à quarante pouces, la tête grosse & longue, les yeux grands, la queue platte, de cinq à six pouces & couverte de poils raz. Leurs toisons composées de mèches de huit à neuf pouces, soyeuses, sans mélange de jarre, pesoient à 8 livres en suint, & ne diminuoient pas d’un quart au lavage. Les brebis portoient deux agneaux. Ces animaux, vigoureux & d’une forte complexion, supportoient l’humidité & le froid pendant l’hiver, sans autre couvert qu’un simple appentis. La chair du mouton gras, pesant depuis quatre-vingt jusqu’à cent livres, étoit beaucoup plus tendre & plus succulente que celle des meilleurs moutons du pays. Les brebis qui n’avoient qu’un agneau rendoient par jour une pinte de lait. Ce troupeau n’exigeoit aucun soin extraordinaire mais il lui falloit beaucoup de nourriture.

Il y a dans le diocèse de Léon des veines de terrein, où les bêtes à laine réussissent, tandis qu’elles languissent plus loin, & qu’elles sont chétives.

Tous les troupeaux de cette partie de la Bretagne se réduisent à deux espèces principales l’une, des gros moutons de marais, qui paissent dans les gras pâturages des bords de la mer & l’autre, des moutons de plaine & de montagne. La chair des premiers est dure & d’un goût peu agréable, & leur laine est grossière. Les autres sont bons suivant les cantons.

À mesure qu’on quitte les côtes de cette partie de la Bretagne pour s’avancer dans la plaine, on ne trouve que des races dégénérées.

X. Maine & Anjou. Il y a dans le Maine peu de plaines découvertes & nues. Le pays est coupé de haies, rempli de landes & de vaines pâtures. Le haut Maine est plus précoce & plus tempéré que le bas Maine : ses plaines arides & sabloneuses pour la plupart, ne produisent que des bruyères assez propres à la nourriture des bêtes à laine. Cette partie est plus spécialement destinée aux bêtes à corne qu’aux troupeaux ; on en voit seulement dans les grands domaines, & encore ils y sont peu nombreux. La race est foible & dégénérée, & ses toisons défectueuses & de peu de poids.

Le climat du bas Maine est plus rude à mesure qu’on approche de l’extrémité de cette province. Le sol en est assez généralement ingrat, si ce n’est dans le canton qu’on nomme Champagne du Maine, où l’on recueille pour