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mées. Cette origine importe peu au commun des cultivateurs ; mais elle devient instructive, curieuse & amusante pour celui qui étudie le grand livre de la nature.

Pour connoître la profondeur & la qualité de la couche supérieure, il faut, avec une bêche, une pioche, &c. faire ouvrir des tranchées à différens endroits du champ, & fouiller à la profondeur de deux pieds. Heureux celui qui trouvera une terre homogène & de bonne qualité. Des recherches postérieures sont inutiles, ou du moins de pure curiosité, tant qu’il ne s’agira que de la culture des grains ; mais s’il est question d’un jardin fruitier (Voyez ce mot), cette couche supérieure ne sera pas suffisante. Ce n’est point ici le cas d’entrer dans de plus grands détails.

II. De la couche inférieure. Si la couche supérieure porte sur une couche épaisse d’argille, la première sera naturellement humide, parce que les eaux n’auront pas la facilité de s’écouler. Il en sera ainsi si la couche inférieure est ferrugineuse & par lit, comme dans les landes de Bordeaux, de la Hollande, de la Flandre Autrichienne près d’Anvers, ou s’il se trouve des bancs calcaires à grandes couches ; si au contraire la partie inférieure est sabloneuse, caillouteuse, la supérieure sera toujours sèche, à cause de la facile infiltration des eaux.

Dans le premier cas, les labours, même les plus profonds, sont inutiles ; il vaut beaucoup mieux ouvrir des tranchées d’écoulement qui traverseront le champ ; & pour ne point perdre de terrein, les remplir de cailloux, de grosses pierres, & recouvrit le tout avec deux pieds de bonne terre. Ce moyen assainit le champ, & rend la terre labourable à la profondeur qu’on exige. Dans le second, on peut fouiller profondément par les labours préparatoires ; mais on a à craindre dans la suite les effets de la sécheresse, sur-tout dans les pays méridionaux, à cause de la grande évaporation.

Si la couche supérieure est argilleuse ou crétacée, les labours, soit de préparation, soit de division, ne sauroient être trop profonds, parce que cette terre rebelle a malheureusement une forte tendance au rapprochement de ses molécules extrêmement déliées dès qu’il survient de la pluie.

Si au-dessous d’une couche mince d’argille ou de craie, il se trouve de la terre végétale ou du sable, ou du petit cailloutage, c’est le cas de ne rien épargner, afin de percer cette première couche. Alors, du mélange de ces substances de différens lits, il en résultera une terre très-productive en bled. Défoncer le sol à la bêche ou à la houe (Voyez ces mots), vaudroit beaucoup mieux que les labours, & seroit plus coûteux, mais le produit dédommageroit de la dépense.

Si au contraire la couche supérieure est caillouteuse, & l’inférieure tenace, c’est encore le cas des défoncemens ou des labours très-profonds : si la première est sabloneuse ou caillouteuse, ou maigre & rougeâtre par le fer qui la colore, & la couche inférieure une bonne terre végétale, on ne doit rien épargner pour ramener celle-ci à la surface, & la bien mélanger avec le reste.

Si la couche supérieure est bonne, mais de peu d’épaisseur, & que l’inférieure soit maigre & mauvaise, il faut