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liteaux à leur extrémité, entrent dans l’épaisseur du bois de la table. On bouche l’ouverture du fond de la hausse supérieure, avec du liège ou du bois, de façon qu’on puisse facilement, avec la pointe d’un couteau, enlever ce bouchon quand cette hausse sera placée au bas de la ruche. M. de Massac assure qu’au moyen de deux couches d’une couleur à huile, qu’on met aux quatre faces extérieures des hausses, elles peuvent durer environ vingt-cinq ans.

Avec des ruches de cette construction, M. de Massac prétend qu’on peut s’approprier le superflu des abeilles sans les exposer, non-plus que le couvain, à aucun danger, & sans courir soi-même celui d’être piqué quand on fait cette opération. Lorsque la hausse supérieure est remplie, les abeilles sont arrêtées par le fond de la hausse inférieure, qui est une espèce de plancher qui les empêche de continuer leur ouvrage jusqu’au bas de la ruche ; quoiqu’interrompu, elles le reprennent dans la hausse inférieure ; & quand elle est environ à moitié, il n’y a plus de couvain dans la supérieure, il a eu tout le tems nécessaire pour son éducation, tandis qu’on a continué les ouvrages dans l’inférieure. On peut donc, sans aucun risque, enlever cette hausse, qui n’est remplie que de cire & de miel ; & après l’avoir vuidée, on la remet dessous celle qu’on a laissée. À quelle heure que ce soit qu’on fasse avec les abeilles le partage de leurs provisions, occupées à leurs ouvrages dans le premier étage de leur domicile, elles s’apperçoivent à peine du vol qu’on leur fait. Voilà sans doute des avantages bien réels : peu de dépense pour construire des ruches, beaucoup d’aisance pour soigner les abeilles, & aucun danger à craindre quand on veut enlever leurs provisions.


Section IV.

Ruches de M. de Boisjugan.


En suivant la méthode de M. Palteau, M. de Boisjugan s’est occupé avec succès de l’économie dans la construction des ruches qu’il propose. Elles sont composées de trois hausses faites en paille, qui est une matière qui occasionne peu de dépense, & que les habitans de la campagne ont à leur disposition. Chaque hausse est faite avec des gluis de froment ou de seigle. Un glui est une gerbe ou botte de paille qui n’a point été brisée par le fléau pour en faire sortir le grain : la paille de seigle, à cause de sa longueur, est préférable à celle de froment. Ces hausses, qui sont d’une figure ronde, ont quatre pouces de hauteur, & douze de diamètre intérieur ; le dessus, qui est convexe, ou en forme de voûte, est surmonté d’une anse, comme celle d’un panier, qui est peu élevée & très-solide. Il y a une ouverture au milieu de la partie convexe, de quatre pouces de diamètre, & à côté, une de six lignes seulement. Ces deux ouvertures sont toujours fermées avec un bouchon de liège dans la hausse supérieure ; dans les autres, la grande ne l’est point, parce qu’elle sert de passage aux abeilles pour communiquer d’une hausse à l’autre ; la petite ouverture sert à introduire le tuyau d’un soufflet