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charbons n’y soient point mêlés : sur une égale quantité de cendres & de bouse de vache, on ajoute un quart à-peu-près de chaux éteinte, on mêle le tout ensemble avec un peu d’eau pour en faire une espèce de mortier.


Section II.

Manière de placer les Ruches en plein air.


On peut être persuadé de toute l’utilité & des avantages d’un rucher, & se trouver dans des circonstances qui ne permettent point d’en bâtir : l’emplacement qui lui conviendroit, peut être le devant d’une maison qu’on ne veut pas masquer par un hangar qui n’offre rien d’agréable à la vue ; il faut alors placer ses ruches, autant qu’il est possible, près les unes des autres & à sa portée, afin de veiller à la sortie des essaims. Chaque ruche doit avoir sa table particulière ; si elle étoit commune, il seroit plus difficile de les garantir de la pluie & de la neige qui y séjourneroient. Cette table doit être une bonne planche de chêne ou d’un autre bois fort dur & de deux bons pouces d’épaisseur : autant qu’il est possible, elle ne doit point être de plusieurs pièces assemblées ; exposée à toutes les intempéries de l’air, le bois se déjetteroit, & la table n’auroit plus le niveau qu’elle doit avoir.

La pierre, la terre cuite ne doivent jamais servir de support aux ruches, ces matières sont trop froides ; & lorsqu’il fait très-chaud, elles conservent une chaleur brûlante dont les abeilles seroient très-incommodées. Bien des personnes enduisent les tables des ruches avec une couleur à huile pour la préserver de l’humidité : c’est une très-mauvaise méthode ; un bois coloré est toujours plus froid que celui qui ne l’est point : la couleur a beau être sèche, les fortes chaleurs lui font répandre une odeur dans la ruche, capable de nuire aux abeilles. Sur le devant de la ruche, la table doit avoir un rebord de trois ou quatre pouces, afin que les abeilles puissent s’y reposer en arrivant, avant d’entrer dans la ruche ; il faut lui donner un peu de pente pour que l’eau de la pluie s’écoule plus aisément : il suffit que les rebords de côté & de derrière soient d’un demi-pouce ; il n’est pas nécessaire qu’ils soient inclinés ; ils seront assez garantis de la pluie par le surtout qui doit couvrir la ruche, ou par le petit toit qu’on pratique au-dessus. Cette table est communément posée & clouée sur trois piquets de bois de chêne, qui sont enfoncés triangulairement dans la terre, à une profondeur convenable pour qu’ils soient solides, & sont élevés d’un pied au-dessus du sol : lorsqu’on a placé la ruche sur sa table, on examine si elle pose également de tous côtés ; & quand on apperçoit quelque endroit où elle n’est point appuyée, on y glisse de petits coins de bois pour la soutenir, & on enduit tout le tour de son ouverture avec du pourjet qui bouche exactement tous les trous, & colle pour ainsi dire la ruche sur son support.

Placées en plein air, les ruches sont exposées à toutes les injures du tems : afin qu’elles résistent à la violence des vents qui seroient capables de les culbuter, on met