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Propriétés. La racine est douce, aromatique ; la plante a un goût amer. Elle est apéritive, stimulante, emménagogue, antihystérique : extérieurement, elle est vulnéraire & détersive. Les feuilles échauffent sans fatiguer l’estomac, ni causer beaucoup de soif. Cette plante est fort recommandée par quelques auteurs ; & malgré leur sentiment, il n’est pas encore prouvé qu’elle guérisse l’épilepsie occasionnée par des évacuations naturelles supprimées, excepté celle qui seroit produite par la suppression des règles, ou par des lochies, ou des pertes blanches ; 2o. dans la fièvre-tierce ; 3o. dans la jaunisse par obstruction des vaisseaux biliaires ; 4o. dans la passion hystérique & affection hypocondriaque.

Usage. On distille l’herbe, & l’eau qu’on en retire ne jouit seulement pas des mêmes vertus que celle de la plus légère infusion des feuilles. Elle ne sert qu’à augmenter le nombre inutile des vases ou des bouteilles qui meublent la boutique d’un apothicaire. Les feuilles récentes sont prescrites depuis deux drachmes jusqu’à deux onces en infusion dans cinq onces d’eau dessechées, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once dans la même quantité d’eau. Le sirop fait avec les feuilles d’armoise, doit être transparent, de couleur jaunâtre, tirant sur le brun, d’une odeur médiocrement aromatique, d’une saveur douce, un peu amère, & légèrement âcre : sa dose est depuis demi-once jusqu’à deux onces, seul ou en solution dans quatre onces de véhicule aqueux. Le duvet des feuilles, appliqué sur une partie quelconque du corps, mais enflammée, passe pour être le cautère le plus doux. Le moxa des chinois est fait du duvet cotonneux d’une armoise, dont les tiges & le dessous des feuilles en sont abondamment garnies. On donne aux animaux la plante réduite en poudre, à la dose d’une once ; & fraîche, à la dose de deux poignées en infusion dans une livre d’eau.

On prétend que c’est Arthémise, reine de Carie, qui a fait connoître les propriétés de l’armoise ; & par reconnoissance, on lui a conservé le nom d’arthémise, qui, par corruption, a été défiguré en celui d’armoise.


AROMAT, AROMATIQUE. On donne le nom d’aromatique à toute substance qui exhale une bonne odeur, soit épices, herbes, fleurs, semences, graines, racines, bois. Les herbes aromatiques sont celles qui sentent fort, comme le genièvre, le thym, la lavande, le romarin, la marjolaine, &c. Quelques gommes portent aussi le nom d’aromat ; telles que le benjoin, la myrrhe, l’encens, l’ambre gris. Ce sont en général des médicamens échauffans, & qui conviennent, quand les forces languissent, & quand le sang, après une chûte, est rallenti dans ses mouvemens. (Voyez Médicamens) M. B.


ARPENT. C’est une mesure de surface qui sert à évaluer les prés, les bois & autres espèces de terrain. Il y en a de plusieurs sortes. L’arpent de Paris est de cent perches quarrées, & la perche est supposée de dix-huit pieds, ce qui fait trois toises