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blable à celle des abeilles ordinaires, est plus court & plus chargé de poils. C’est une des plus petites espèces, & celle qui multiplie le moins ; mais aussi elle est très-remarquable par l’industrie que nous offre son travail dans la construction du domicile qu’elle creuse dans la terre pour placer sa famille. Elle est surnommée la tapissière, parce qu’elle tapisse effectivement tout l’intérieur de son nid où elle fait sa ponte.

Lorsque l’abeille-tapissière veut faire sa ponte, elle s’occupe d’abord à construire le nid où elle doit déposer son œuf : pour cet effet, elle creuse un trou perpendiculaire dans la terre, qui a trois pouces environ de profondeur : depuis son ouverture jusqu’à six ou sept lignes en avant, ce trou a son diamètre égal ; il s’évase ensuite dans le reste de sa longueur. Pour retenir la terre qui pourroit s’écrouler, l’abeille tapisse tout l’intérieur de son nid avec des pièces demi-ovales taillées dans une des pétales du coquelicot ; elle n’apporte qu’une pièce à la fois entre ses pattes ; elle l’applique, l’étend au fond de son nid, & retourne en chercher d’autres jusqu’à ce que tout le nid soit tapissé. Les dernières pièces qui terminent l’entrée du trou débordent en dehors de quelques lignes. Après avoir fini son ouvrage, l’abeille apporte au fond du nid une quantité suffisante de miel & de cire brute, qui forment, par leur mélange, une espèce de pâtée, qui est la nourriture nécessaire à l’accroissement de la larve qui doit naître de l’œuf qu’elle dépose : elle détend ensuite sa tapisserie depuis l’ouverture du trou jusqu’à l’endroit où il s’évase, en la poussant en dedans pour couvrir la partie du nid qui est évasée ; elle remplit ensuite le vuide qui reste avec de la terre. Cette abeille fait autant de nids qu’elle pond d’œufs ; trois ou quatre jours suffisent pour en faire un : on voit par son travail qu’elle est très-peu féconde. Cette abeille vit au fond de sa retraite jusqu’au moment où le coquelicot entre en fleur.


DEUXIÈME PARTIE.

Du Rucher et des Ruches.


CHAPITRE PREMIER.

Du Rucher.


Section première.

Qu’est-ce qu’un Rucher, & des avantages d’en avoir un pour y loger les Abeilles.


Le rucher est l’endroit où les ruches sont placées pour y être à couvert des intempéries de l’atmosphère. C’est une espèce de hangar formé par un avant-toit adossé contre un mur, & soutenu du côté de sa pente sur deux poteaux de chêne ou plus, à proportion de sa longueur. Sa principale ouverture, ou la porte, est sur le devant ; aux côtés il doit y avoir aussi une fenêtre pour faciliter la circulation de l’air dans les grandes chaleurs. L’intérieur est garni de planches disposées en forme de rayons, & composant plusieurs étages, sur lesquelles on arrange les ruches.

Ce n’est pas seulement pour les abeilles qu’un rucher est avantageux : un amateur curieux de les observer & de les soigner lui-