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de sa famille, elle l’enferme avec une maçonnerie qui bouche les trous des alvéoles ; elle l’abandonne dans cette prison, d’où l’abeille ne peut sortir, après ses métamorphoses, qu’en faisant avec ses dents un trou au mur que la mère a bâti.

D’autres espèces d’abeilles-maçonnes ne prennent point la peine de bâtir ; elles profitent des trous qui sont faits dans les bois, les pierres, les murs. Quelques autres bâtissent avec de la terre des nids très-peu solides qui ne durent qu’un mois au plus, parce que ce tems suffit pour l’éducation de leur famille.

Une autre espèce d’abeilles construit son domicile dans le mortier qui unit les pierres des murs ; elle choisit l’exposition du nord par préférence à toute autre. Les cellules qu’elle bâtit sont de forme cylindrique, placées bout à bout les unes contre les autres : la matière dont elles sont composées est une membrane soyeuse. La femelle pond un œuf dans chaque cellule, la remplit d’une nourriture composée de miel & de cire brute ; la ferme & l’abandonne. Les larves éclosent au mois de Juillet. La trompe de cette espèce d’abeilles diffère essentiellement de celle des abeilles domestiquées, qui est terminée par une pointe très-fine : celle-ci au contraire s’évase, & offre un bout plus large que le reste de la trompe.


Section IV.

Abeilles Coupeuses de Feuilles.


Les abeilles coupeuses de feuilles sont plus petites que les ouvrières des mouches-à-miel : le luisant de leur corps n’est point caché par les poils, qui sont en très-petite quantité ; le dessus des anneaux est d’un brun presque noir ; les côtés sont bordés de poils presque blancs. Il y a plusieurs espèces d’abeilles coupeuses de feuilles qui diffèrent entr’elles pour la couleur & la grosseur de leur corps.

L’abeille coupeuse de feuilles creuse la terre pour construire son habitation ; elle bâtit ensuite un nid qui est composé d’alvéoles placés au-dessus les uns des autres : chaque alvéole est fait avec des morceaux de feuilles qu’elle coupe de trois manières différentes ; il y en a qui sont ronds, d’autres ovales. Ces alvéoles réunis forment un tuyau cylindrique semblable à un étui. C’est dans ces cellules que la femelle dépose ses œufs, en ayant l’attention de n’en mettre jamais qu’un dans chacune. Après y avoir mis la nourriture nécessaire pour les vers, qui est la même que celle des autres espèces, elle les ferme & les abandonne : c’est dans ces cellules que ces insectes subissent leurs métamorphoses ; ils n’en sortent que sous la forme d’abeilles.

D’autres abeilles creusent simplement la terre, & forment un tuyau cylindrique, au fond duquel elles déposent un œuf qu’elles recouvrent de terre, après l’avoir entouré de la pâtée qui est l’aliment de la larve, & ainsi successivement jusqu’à ce que le tuyau soit rempli.


Section V.

Abeilles-Tapissières.


Le corps de l’abeille-tapissière, dont la couleur est à-peu-près sem-