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l’addition de l’eau, comme il sera expliqué plus bas. Il en seroit de l’eau-de-vie, pour les entrées de Paris & des autres villes, comme pour le vin. Une barrique de vin médiocre en qualité, & même de mauvaise qualité, paye autant de droit d’entrée qu’une barrique de vin d’une qualité supérieure. D’après cela, il est constant que le commerçant de Paris, par exemple, ne tireroit des provinces où l’on fabrique les eaux-de-vie, que des esprits les plus purs. En attendant cette réforme, ou la diminution des droits, faisons connoître les autres aréomètres.

M. Farenheit a imaginé un aréomètre bien précis ; sa forme est celle d’une boule traversée dans son axe par une verge dont les deux extrémités qui débordent sont de longueur inégale : on fixe à la plus longue le poids qui sert à lester l’instrument pour le faire tenir droit. L’extrémité supérieure, beaucoup plus courte, est surmontée d’un bassin qui reçoit les divers poids dont on charge l’aréomètre. Cette tige est marquée dans son milieu, qui indique le volume que l’instrument doit déplacer dans chaque expérience.

Le poids total de l’aréomètre étant connu, on le plonge dans la liqueur, on charge le bassin jusqu’à ce qu’il s’arrête au trait qui partage la portion supérieure de la tige ; & d’après la somme des poids de l’aréomètre, & de ceux qui sont dans le bassin, il est facile de déterminer les rapports. Il n’est pas indifférent de remarquer que plus la boule est grosse, la tige inférieure longue, & la supérieure courte & grêle, moins il y a d’erreur.

Cet instrument est très-bien placé dans les mains des chimistes & des physiciens ; mais comment le proposer au commerce pour des vérifications faites par des mains trop peu exercées à de pareilles expériences, & qu’on ne peut assujettir à des procédés qui exigent des calculs, de la précision & des précautions ?

Cette partie du commerce des eaux-de-vie, si essentielle à la province de Languedoc ; la multiplicité des contestations qui s’élevoient chaque jour entre le vendeur & l’acheteur sur les différens degrés de spirituosité de l’eau-de-vie, engagèrent les états de cette province à proposer en 1771, pour sujet de prix, ce problême : Déterminer les différens degrés de spirituosité des eaux de-vie ou esprits-de-vin, par le moyen le plus sûr, & en même tems le plus simple & le plus applicable aux usages du commerce. En 1772, la société royale de Montpellier couronna les Mémoires de MM. l’abbé Poncelet & Pouget, quoiqu’ils ne remplissoient pas à la rigueur l’objet désiré. Le même sujet fut proposé de nouveau pour l’année 1773 : le Mémoire de M. Bories fut couronné ; la province l’a adopté, & il sert de règle à son commerce. Il convient donc de le faire connoître, puisque la somme des eaux-de-vie fabriquées en Languedoc, fait un tiers de celles du reste de la France. On y distingue trois espèces d’eaux de-vie. La preuve de Hollande est le premier produit de la distillation ; le trois-cinq est la rectification du