Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle va dans la campagne pour ramasser le miel & la cire ; elle en forme une petite masse pour y placer quelques œufs. Les vers qui naissent se trouvent au milieu d’une pâtée qui est la nourriture nécessaire à leur accroissement. À mesure que les vers la mangent, la femelle a soin de la remplacer par la nouvelle qu’elle apporte de la campagne. Lorsque le ver a filé la coque où il doit se métamorphoser en nymphe, on le dégage de cette pâtée qui l’environne, afin qu’il ait plus de facilité pour sortir de son enveloppe.

Lorsque la famille est devenue nombreuse, ses premiers soins sont d’aggrandir l’habitation où elle est née : pour cet effet, toutes les abeilles y travaillent avec activité & avec une dextérité singulière. Après avoir cardé avec leurs deux premières pattes les brins de mousse qu’elles ont détachés, les secondes reçoivent ce petit tas pour le passer aux troisièmes, qui se poussent pour en reprendre d’autre. Ces abeilles sont quelquefois rangées à la file les unes des autres pour se donner la mousse qu’elles ont cardée, & la faire arriver de cette manière à leur nid, où elles l’arrangent pour former leur domicile. Une voûte de mousse ne suffiroit pas pour empêcher la pluie de pénétrer dans leur logement ; elles enduisent l’intérieur de la voûte avec une espèce de cire qui interdit l’entrée à l’eau. Après que l’édifice est achevé, on s’occupe à faire des provisions, qui ne sont jamais bien abondantes. Les gâteaux qu’elles construisent sont un assemblage irrégulier de coques, qui ressemblent quelquefois à des truffes. C’est dans ces coques, formées d’une pâtée miélée, qu’on trouve les œufs, les vers.

Les mâles de ces sortes d’abeilles sont dépourvus d’aiguillons : la femelle & les ouvrières en ont qui sont très-capables de faire beaucoup de mal. Leur humeur très-douce ne les porte point à en faire usage, à moins qu’on ne les irrite fortement.


Section II.

Abeilles-Perce-Bois.


Le corps de l’abeille-perce-bois est lisse, luisant & d’un noir bleuâtre. Ses quatre ailes sont un violet foncé ; elles font un bourdonnement considérable quand l’insecte vole. Leur corcelet est garni de poils très-longs, de même que les côtés & tout le tour de l’anus. Le mâle, qui diffère si peu de la femelle, qu’il est aisé de le confondre avec elle, n’a point d’aiguillon. Les individus de cette espèce ne vivent point en société : dès que la femelle est fécondée, elle se sépare du mâle ; & à peine a-t-elle donné naissance à sa postérité, qu’elle l’abandonne. Les petits en sortant de leurs cellules quittent leur domicile pour aller s’établir ailleurs. Ces abeilles sont absolument solitaires ; on n’en trouve jamais plusieurs rassemblées dans la même habitation.

Lorsque l’abeille-perce-bois veut faire sa ponte, elle cherche des bois très-secs pour y pratiquer des trous, où elle place ses œufs. Les instrumens dont elle se sert pour ce travail sont deux dents d’une