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les deux machines, mais les premiers, flexibles les uns par rapport aux autres, sont susceptibles du mouvement de translation, & la dernière ne l’est pas. Les différens tégumens, comme l’épiderme, la peau, &c. ressemblent à l’épiderme & à l’écorce. La peau donne naissance aux poils & aux ongles ; l’écorce dans la rose, le buisson, &c. produit des épines qui ont leur moelle, leur bois & leur écorce. Combien de plantes sont hérissées de poils, dont la forme & les usages paroissent être les mêmes que chez les animaux ! Si l’organe de la digestion est composé de tant de parties dans l’animal, celui de la plante est plus simple, ou pour parler peut-être plus juste, elle n’en a point. La terre lui sert d’estomac & lui prépare une nourriture composée des sels qu’elle renferme dans son sein, & d’une terre soluble. Cet aliment, dépouillé des parties les plus grossières, est pompé avec une force surprenante par les racines. Comme il ne contient rien de solide, il n’y a point d’excrétion solide dans la plante. Ce nouveau suc, semblable au chyle, mais non laiteux comme lui, & composé de moins de substances hétérogènes, se réunit à celui qui existoit déjà dans la plante, circule de tous côtés, pénètre tous les vaisseaux, distribue la nourriture & la vie, & fait les fonctions du sang. Le sang est rouge & composé de plusieurs principes : le suc séveux, transparent dans l’origine, plus pur & plus homogène, devient cependant rouge dans la sanguinaire & l’androsœmum, blanc dans le tithymale, jaune dans la chélidoine, &c. & l’un & l’autre donnent les mêmes produits à l’analyse chimique. De tous les fluides circulateurs, le suc, comme le sang, est le plus abondant. Les arbres, dans leur jeunesse, sont plus séveux que dans leur vieillesse ; les enfans sont plus sanguins que les vieillards. Le sang, en parcourant les artères, fait la secrétion de l’urine, de la semence, de la salive, de la bile, &c. & rejette par les pores de la peau, l’eau, ou la partie séreuse qui lui servoit de véhicule ; ainsi le suc circulant dans tous les canaux de l’écorce & du bois, dépose dans les utricules & les glandes, ses parties les plus visqueuses, & s’épure des plus fluides, en les exhalant par les pores de l’écorce & des feuilles. Le microscope n’est pas nécessaire pour découvrir les glandules animales qui filtrent les humeurs, la vue seule suffit pour distinguer les glandules des plantes, qui, tantôt dans des réservoirs particuliers, tiennent en dépôt le miel que les abeilles y vont chercher, comme les nectaires des fleurs, & tantôt, placées sur les feuilles même, laissent suinter cette substance, comme dans les feuilles de la Ketmie. On ne remarque point de résorption, elle seroit inutile, n’y ayant point de digestion intérieure. Y a-t-il rien de plus analogue que la sueur animale avec la transpiration végétale, comme nous l’avons déjà remarqué ?


Circulation.

Mais on ne trouve point dans les plantes de circulation. Le sang sortant du cœur avec force, tantôt roule avec impétuosité dans ses canaux ; tantôt, abandonnant les artères, il semble suspendre son cours