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veloppement & leur entretien, à leur multiplication & leur fécondation, à leur nourriture & à leur vie : c’est à travers les fibres des arbres que l’on peut facilement suivre tous les vaisseaux dans lesquels circulent, & les sucs particuliers & le principe vital. Quel objet d’étude plus intéressant, plus magnifique & plus satisfaisant ! Quel est l’homme qui, placé au milieu d’une forêt, n’est pas frappé d’admiration en voyant ces chênes majestueux, dont la cime se perd dans les nues, & les racines pénètrent si profondément ? Si, après avoir considéré leur direction, leur force, l’étendue de leur diamètre, l’espèce de symétrie de leurs branches, la verdure de leur feuillage, la quantité de fruits dont ils sont couverts ; si, dis-je, après avoir réfléchi sur tous ces objets extérieurs, il pense que cette foule d’êtres muets qui l’environnent, & qui ne paroissent exister que pour lui, ont une vie propre & indépendante, respirent par un mécanisme particulier, vont chercher & s’approprient la nourriture la plus saine & la plus convenable ; qu’ils n’admettent point, ou rejettent tout ce qui pourroit leur être étranger ou nuisible ; qu’ils jouissent d’une espèce de mouvement spontané & de nutation ; que peut-être ils sont doués d’un sentiment machinal fondé sur l’irritabilité de leurs fibres : s’il songe que dans l’intérieur de ce chêne que la hache a peine à couper, de ce bois de fer qui résiste aux instrumens les plus tranchans, des fluides nourriciers circulent sans cesse, & vont porter jour & nuit l’entretien & la vie ; que ces feuilles légères, qui ne semblent être que le jouet des zéphirs, sont les parties essentielles de la plante ; & que tandis que leur surface inférieure pompe la rosée, la surface supérieure est l’organe principal de la transpiration : enfin, s’il assiste à l’hyménée des fleurs mâles & femelles, & qu’il suive le développement du germe & du fruit, après un moment de silence il s’écriera : Ô richesses ! ô merveilles de la nature ! que son auteur est grand ! qu’il est admirable !

Avant de traiter la culture des arbres, apprenons à les connoître ; cette science seule pourra nous guider dans le labyrinthe de la pratique de la végétation.

L’arbre est composé de trois parties principales, le tronc & les deux extrémités, inférieure & supérieure, ou les racines & les branches[1]. Le tronc est cette partie solide de l’arbre qui s’élève hors de la terre, & supporte une touffe de branches plus ou moins épaisses. Varié dans sa hauteur, mais toujours perpendiculaire à l’horizon, à moins que des obstacles invincibles ne le forcent à changer de direction, ses branches elles-mêmes affectent cette situation par un effort continuel à s’écarter le moins possible de la ligne verti-

  1. Ce n’est ici que le tableau rapproché de tous les objets dont la connoissance compose la théorie de l’économie végétale. Pour avoir de plus grands détails, il faut chercher chaque mot à sa lettre alphabétique.