Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/631

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus facilement. Cette soie cardée se file aisément au fuseau, & le fil qu’on en retire est plus fin & plus fort que celui de la soie ordinaire, & il prend facilement toutes les couleurs de teinture qu’on veut lui donner.


ARAIRE ou ARARE. (Voyez Charrue)


ARBOUSIER. M. Tournefort le place dans la première section de la vingtième classe, qui comprend les arbres & arbrisseaux à fleur d’une seule pièce, dont le pistil devient un fruit mou, rempli de semences dures ; d’après Bauhin, il le désigne par ces mots : Arbutus folio serrato. M. Von Linné le classe dans la décandrie monogynie, & l’appelle arbutus unedo.

Fleur, imitant un grelot, d’une seule pièce, ovale, aplatie en dessous, découpée en cinq parties par ses bords recourbés en dehors ; son calice petit, également découpé en cinq parties, & il ne tombe qu’avec le fruit. L’intérieur de la fleur renferme dix étamines & un pistil ; elle est blanche, & il y a une variété à fleur rouge.

Fruit, baie ronde, pleine de suc, divisée en cinq loges qui renferment des semences osseuses. La baie est quelquefois alongée sur certains pieds.

Feuilles, simples, entières, lisses, fermes, dentées en manière de scie, ressemblant assez à celles du laurier.

Racine, ligneuse.

Port. Grand arbrisseau dont la tige est droite, l’écorce lisse quand il est jeune, & qui se détache par écailles lorsqu’il est plus avancé. Son bois est dur, mais très-cassant, à cause que ses fibres sont courtes. Les fleurs & les fruits sont disposés en grappes à l’extrémité des rameaux, & chaque fleur a vers sa base une feuille florale : les feuilles sont alternes & toujours vertes.

Lieu. Nos provinces méridionales. On le trouve cependant sur les côtes de Bretagne. Miller dit qu’il croît naturellement en Irlande.

Propriétés. Les feuilles, les fruits & l’écorce sont astringens.

Usage. Nullement usité en médecine. On pourroit employer les feuilles & l’écorce pour tanner le cuir, au défaut d’écorce de chêne ou de feuilles de myrthe. Les corses, les enfans en Provence, en Languedoc mangent son fruit, quoique indigeste. Quelques auteurs ont été jusqu’à dire qu’il causoit l’ivresse, des vertiges, qu’il stupéfioit. L’exemple détruit ces assertions. Les chèvres aiment la feuille de cet arbrisseau.

Culture. Comme cet arbrisseau est toujours verd, on l’a tiré des lieux incultes où il croît naturellement, pour en décorer les bosquets d’hiver de nos jardins d’agrément. Dans les provinces méridionales du royaume, il suffit de transporter avec soin les jeunes plants aussitôt après la maturité & la chûte des fruits des vieux arbousiers. Si on peut les enlever avec leur motte sans endommager les racines, leur reprise est assurée. On tentera presque sans succès de transporter les jeunes pieds des provinces méridionales à celles du nord ; il vaut mieux en faire venir les graines, & les semer de la manière suivante. Dès que la baie sera mûre, séparez