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pèces d’apoplexie ; la première nommée sanguine, & la seconde nommée lymphatique. La première est occasionnée par le sang répandu dans le cerveau, ou porté dans cet organe avec impétuosité ; l’autre dépend de l’épanchement d’eau ou de sérosité quelconque. Ces deux apoplexies diffèrent par leurs causes & par leurs effets ; c’est pourquoi les moyens propres à les combattre ne doivent pas être les mêmes, comme nous le ferons observer plus bas. Dans la première espèce, celle que l’on nomme sanguine, le visage du malade est rouge, ses yeux sont étincelans, la tête sur-tout & tout le corps sont de la plus grande chaleur ; dans la seconde espèce nommée pituiteuse ou lymphatique, le visage du malade est pâle, décoloré ; ses yeux sont éteints, fixes & souvent larmoyans : toutes les parties enfin sont dans le relâchement.

Les causes de l’apoplexie sont en très-grand nombre, sur-tout dans les grandes villes, où la débauche, les excès de la table & les passions sont portées au plus haut degré : ces causes se déduisent ou de la conformation du corps, ou des choses qu’on nomme naturelles, c’est-à-dire, des abus dans le sommeil, dans le manger & dans les passions.

La conformation du corps peut plutôt disposer un sujet à l’apoplexie qu’à toute autre maladie. Par exemple, celui qui aura la tête ou trop grosse ou trop petite en proportion du corps ; celui qui aura le col court & le ventre gros ; celui qui est d’un tempérament sanguin, gros & gras ; celui qui respire un air épais, qui mange beaucoup & fait peu d’exercice, sera plus disposé que tout autre à être attaqué d’apoplexie.

Les causes qui peuvent disposer & déterminer l’apoplexie, sont les suivantes. Dormir trop long-tems détermine le sang à se porter vers la tête ; les passions portées à l’excès, l’amour, la colère, le chagrin, un saisissement ; tous ces mouvemens violens ou profonds de l’ame déterminent le sang à se porter vers la tête en grande quantité : mais les causes les plus communes sont les abus dans les alimens & dans les liqueurs spiritueuses ; on a vu quelquefois une apoplexie naître à la suite d’un coup violent reçu sur le ventre, qui avoit fait refluer vers la tête une très-grande quantité de sang.

Les phénomènes que l’on observe dans une attaque d’apoplexie, sont de trois espèces ; les uns précèdent l’attaque, les autres s’observent au moment même ou pendant l’attaque ; les derniers enfin se manifestent après l’attaque.

Les premiers : le malade est plus disposé au sommeil que de coutume, & son sommeil est plus profond ; il se réveille difficilement : son corps est lourd, pesant ; ses yeux sont humides, sa salive coule plus abondamment, sa parole est plus lente ; il traîne les mots, il bégaye ; ses idées ne sont pas nettes, sa mémoire chancèle, & son jugement est en défaut.

Les seconds : dans le moment de l’attaque, tout mouvement volontaire cesse, le mouvement du cœur & de la poitrine diffère peu de