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5o. Des différentes figures du grain, suivant l’ordre des saisons. On distingue trois sortes de tems, le sec, le favorable & le pluvieux. Dans le premier, le grain est alongé en forme de pointe ; dans le second, il est rond comme du sable, & dans le troisième, il est plat & évasé. Ce dernier tems exige beaucoup d’application de la part de l’indigotier. Il verra que le grain se sépare facilement de son eau en le roulant dans la tasse, & laisse une eau d’un verd brillant & foncé ; au lieu que dans une cuve qui est trop pourrie, le grain, quoique évasé comme l’autre, ne s’en sépare qu’avec peine, & reste comme à flot entre deux eaux, dont la couleur est souvent d’un jaune pâle ou d’un verd noirâtre, & quelquefois d’un verd blanchâtre. Il succède à cette eau une fleur semblable à une lie, dont les molécules s’unissent & forment dans la tasse, sur la surface de l’eau, comme un demi-cercle ; c’est une preuve bien certaine de son excès. Une cuve qui manque de pourriture peut aussi former une fleur occasionnée par la quantité de pluie, ou parce que la graine étoit déjà nouée par la trop grande maturité de l’herbe ; mais alors les molécules ne s’entretouchent pas.

Il est clairement démontré que la fermentation est absolument nécessaire au développement de tous les principes de l’indigo. Cette fermentation ne peut s’exécuter qu’en suivant les loix assignées par la nature ; elle doit donc avoir une marche réglée, & plus ou moins accélérée ou retardée, suivant les circonstances : dès-lors, elle doit donc porter avec elle les signes de son complément ; & ces signes ne sauroient être équivoques, si la marche de cette fermentation ressemble à celle du vin dans la cuve. (Voyez les mots Fermentation, Vin.) La cuve d’indigo bouillonne plus que celle du vin ; mais dans l’une & dans l’autre, l’ascension du fluide à son plus haut point, n’offriroit-elle pas une règle sûre pour déterminer le moment préfix où l’on doit couler la cuve ? Je ne puis rien affirmer pour l’indigo, parce que je n’ai jamais été dans le cas d’en suivre la fermentation ; je crois cependant qu’il doit y avoir une grande analogie entre l’une & l’autre. Si elle existe, il y a tout lieu de croire que le point caractéristique est le même. Je prie ceux entre les mains de qui cet Ouvrage passera, d’avoir la complaisance d’examiner & de vérifier mon doute, & de me communiquer leurs réflexions.

Ce qui concerne l’emploi de l’indigo pour les teintures & son analyse chimique, n’entre pas dans le plan de ce Cours d’Agriculture ; je me contente d’indiquer les ouvrages que l’on doit consulter. Le T. IX des Savans Étrangers, publié par l’académie des sciences de Paris, renferme trois mémoires ; le premier est de M. Quatremer Dijonval ; le second de M. Hecquet d’Orval, & le troisième est de M. Bergman. Ces trois mémoires établissent une théorie complette de la teinture qu’on retire de cette substance singulière, & de la manière de conduire les cuves, de les remonter par des réchaux, &c. Ces mémoires