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plantées à quatre pouces de distance seulement.

Il est inutile de mettre les pattes dans l’eau avant de les planter. Cette coutume des jardiniers est abusive ; il vaut mieux arroser quelques jours après la plantation, à moins que la terre préparée ne soit absolument sèche. Pour peu qu’elle ait d’humidité, elle se communique à la patte ; la patte s’enfle par progression, & n’est pas dans le cas de pourrir. Les paillassons deviennent nécessaires contre les rigueurs de l’hiver, & sur-tout pour les garantir de la trop grande quantité de pluie qui tombe ordinairement dans cette saison.

Les amateurs pressés de jouir, plantent au mois de Juin, au mois d’Août : le tems ordinaire est la fin de Septembre ; & le fleuriste prudent conserve une partie de ses pattes pour les planter en Février, tems auquel on ne craint plus l’excessive rigueur de la saison. Les curieux du premier ordre ont des châssis (voyez ce mot) vitrés, & bravent les intempéries de l’air.

Toute feuille fanée ou pourrie sera sévérement coupée : la même loi s’exécutera pour les boutons à fleur qui se présentent mal ; & afin d’avoir une fleur plus belle & mieux nourrie, on n’en laissera subsister qu’une sur le même pied.

Il est impossible de prescrire les jours où il faut arroser ; c’est la saison qui le décide. Il vaut mieux arroser peu à la fois, & arroser plus souvent.

La beauté d’une planche d’anemone dépend de la variété des couleurs de chaque fleur. Le fleuriste aura donc attention de marquer par des petits piquets numérotés chaque pied, afin de conserver l’année suivante la même symétrie dans les couleurs, ou pour la perfectionner, si elle est alors défectueuse : plusieurs fleurs semblables en couleur, placées les unes près des autres, défigurent une planche.

La pluie & l’ardeur du soleil, depuis dix heures du matin jusqu’à trois ou quatre de l’après-midi, hâtent trop la fleuraison, & on jouit trop peu de tems d’une fleur qui a exigé des soins si multipliés. Recourez alors aux paillassons ou aux tentes ; mais enlevez-les dès que le soleil aura perdu de sa force. Alors les fleurs dureront beaucoup plus long-tems, & la jouissance prolongée vous dédommagera de vos peines.

VII. Du tems d’arracher les anemones. Lorsque la fane se desséche, elle avertit le fleuriste qu’il est tems de la tirer de terre ; & lorsqu’elle est parfaitement desséchée, le moment est venu. Si on la sort de terre plutôt, il reste dans la patte une humidité superflue qui fermente, & la conduit à la pourriture : on auroit tort d’attendre plus long-tems.

Il ne faut point arroser la plante, du moment que la fane commence à dessécher, & on aura alors plus de facilité à dépouiller la patte d’une terre inutile qui feroit l’office d’éponge dans la suite. Pour dépouiller complétement la planche, on commencera par un bout, & on creusera avec le petit piochon pour mettre à découvert la première patte, & successivement, on continuera la tranchée jusqu’à l’autre extrémité de la planche. Les soins à avoir en enlevant les pattes, sont, 1o. de ne les point meur-