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lobes, le développement de la plumule & de la radicule ; le méchanisme de l’introduction des premiers sucs, soit ceux de la terre, soit ceux des autres végétaux pour les plantes parasites. On y suivroit la formation & la multiplication des racines, la vie éphémère des feuilles séminales, leur utilité & leur mort.

Vie.

La plante ayant acquis de la force s’élève dans l’air, les racines augmentent, la tige se fortifie, les feuilles s’étendent, les fleurs s’épanouissent, les fruits se forment. Que d’objets à suivre, qui méritent autant de traités particuliers !

Premier principe de vie, la force de succion des racines & des feuilles.

Second principe, l’assimilation des sucs & des substances qu’elles pompent dans le sein de la terre & dans l’atmosphère.

Troisième principe, décomposition de l’air atmosphérique, appropriation de l’air fixe & inflammable, & secrétion de l’air déphlogistiqué.

Ces trois articles composeroient à peu près ce qui regarde la nutrition.

Comme la séve joue un très-grand rôle dans la vie végétale, on suivroit son mouvement ascendant & descendant, en remarquant qu’il diffère de la circulation du sang dans le corps animal.

De la nutrition dépend l’accroissement, & de l’accroissement la direction & la perpendicularité.

Tous ces effets ne peuvent se produire sans mouvement ; la plante en est donc susceptible. On en remarque chez elle de deux espèces, l’un mécanique, l’autre presque spontané. Au premier tient la transpiration, au second la tendance vers l’endroit le plus aéré, le plus éclairé ; celle des racines vers les lieux qui peuvent fournir les sucs les plus propres ; certain mouvement de nutation dans différentes parties ; enfin, l’irritabilité, dont sont susceptibles plusieurs fleurs.

La fatigue du mouvement conduit au besoin du sommeil, & les plantes dorment vraiment.

L’état de perfection de la plante est l’entier développement des organes de la génération & de la réproduction. Leur hyménée est peut-être l’objet le plus intéressant & le plus digne de toute l’attention & de toute l’étude d’un philosophe. Il trouvera des mâles, des femelles & des hermaphrodites. Le fruit, ou le nouveau germe, remplit les espérances que les fleurs avoient fait naître.

Dépérissement & mort.

L’espèce renouvelée, l’embryon formé, les vues de la nature sont remplies ; l’être animé tend à sa destruction. Non-seulement les maladies y conduisent, mais l’acte même de la vie la nécessite. Les maladies sont occasionnées par les vices du sol & par ceux de l’atmosphère ; les trop grandes sécheresses, comme la trop grande humidité, les froids rigoureux, comme les chaleurs extrêmes, produisent des extravasations de séve & de sucs, des suppurations, des desséchemens, des brûlures, des loupes, des tumeurs ; les insectes altèrent les sucs, & sont naître des concrétions difformes. Souvent le germe ou certaines parties de la plante sont gênés dans leur développement ; de-là des monstres par excès ou par défaut.