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par une double épreuve, les plantes n’y ont pas tout-à-fait péri, comme on a vu que cet accident est arrivé dans les retailles de pierre en 1773 & dans l’argile en 1772, suivant la trentième expérience. J’obtins même dans la trente-sixième qui ne rouloit que sur l’argile, une touffe de blé vigoureuse, garnie suffisamment de tiges, & qui, dans le nombre de ses épis, en donna quelques-uns de six pouces de longueur. Le produit de la trente-septième expérience, où l’argile seule n’étoit pas également employée, ne fut pas aussi avantageux en 1772 & 1773, que le fut en 1772 celui de la trente-sixième dont on vient de parler ; cependant le blé, quoiqu’un peu inégal, s’y trouva assez beau dans les deux années où cette trente-septième expérience eut lieu. »

» L’observation que j’ai faite au sujet des retailles de pierre qui, en devenant trop compactes, gênent les grains dans leur germination, en font périr une partie, & s’opposent à l’accroissement des jeunes plantes qui ont pu vaincre les premiers obstacles ; cette observation tombe également sur l’argile, qui, par elle-même, se durcit encore davantage que les retailles de pierre, dans les grandes sécheresses. On ne put venir à bout, en effet, de recueillir du grain dans l’argile qui en a donné l’année précédente, qu’en la brisant de nouveau, en l’employant dans un état où en partie réduite en poudre, & en partie composée de petits morceaux d’inégale grosseur, elle est aisément pénétrée par l’eau : alors, peu resserrée encore, elle donne au grain logé dans ses interstices, la facilité de germer : la jeune plante a même le tems de percer la couche qui la couvroit, & de jeter son premier feuillage avant que l’argile ait acquis un certain point de dureté que la plante n’auroit peut-être pas pu vaincre. »

» Ceci explique, je crois, pourquoi dans la trentième expérience où l’argile seule étoit employée, il ne germa qu’une partie des grains ; pourquoi les plantes qu’ils produisirent étoient foibles au printems de 1772 ; que leurs feuilles étoient étroites, & qu’elles périrent enfin avant que les tuyaux s’y fussent formés. Ces plantes, sans doute, n’avoient pas eu l’aisance, tant à la fin de 1771, qu’au commencement de l’année suivante, de développer leurs racines dans l’argile devenue trop compacte, & de s’y établir de manière qu’elles ne souffrissent, au moins qu’en partie, l’altération que les gelées & la sécheresse pouvoient y occasionner. Le succès complet que j’obtins dans l’argile en 1772, & par la trente-sixième expérience, ne laisse aucun doute sur les ressources que le blé y trouve pour son accroissement, comme dans les autres matières que j’ai employées ; mais d’autres expériences prouvent en même tems que l’argile, par sa nature, lorsqu’on ne fait usage que d’elle seule pour en tirer des productions, a une disposition à se condenser, & une ténacité dans ses parties qui sont peu favorables à la végétation. »

» XXXVIIIe. & XXXIXe. expériences. Outre l’expérience sur les productions qu’on peut tirer du sablon pur, & qui a eu lieu pendant trois ans, je fis encore usage de