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pourpres sans être rouges ; par ses étamines, plus courtes que la corolle. Le nom de passe-velours donné par les jardiniers à la première espèce, & à la crête de coq quand elle est rouge, conviendroit mieux à cette espèce qu’à toute autre.

Culture. Ces plantes exigent plus de soins dans les provinces du nord que dans celles du midi. Il est de la dernière importance de les préserver, lorsqu’elles sont encore tendres, des gelées, & même des matinées froides du printems. Les jardiniers des environs de Paris les sèment sur couche au commencement d’Avril, & même les couvrent avec des cloches. Les cloches, dans ce cas, sont nécessaires, parce que la chaleur de la couche les rend plus susceptibles des impressions du froid. Sans chercher tant de soins, qu’on ne peut leur donner lorsque les fumiers frais ne sont pas abondans dans un pays, il vaut mieux attendre le 15 ou le 20 d’Avril pour les semer dans du terreau, ou même dans une terre bien préparée.

Lorsque les amaranthes auront deux ou trois pouces de hauteur, & seront garnies de deux ou trois paires de feuilles, on peut les transplanter à demeure, si on ne craint plus les gelées. Un léger arrosement est nécessaire à cette époque ; & pour les préserver de l’ardeur du soleil pendant le jour, on les recouvrira avec une feuille de choux ou de carde poirée, qu’on aura soin d’enlever dès que le soleil sera passé. Il convient de continuer ainsi jusqu’à ce que la plante ait bien repris. Si on l’a enlevée de la pépinière avec sa terre, & plantée sans en dégarnir les racines, ces soins seront superflus ; l’arrosement seul suffira.

Cette simplicité dans la culture n’est pas ce que recommandent les fleuristes. J’ai eu des amaranthes aussi belles que les leurs, & je n’y ai pas donné d’autres soins que ceux que j’indique. Dans les provinces méridionales on ne cherche pas plus de façon ; & quoiqu’exposées à l’ardeur d’un soleil très-chaud, elles réussissent très-bien, & mieux encore que dans les environs de Paris, pourvu que l’eau ne leur manque pas.

Les fleuristes replantent l’amaranthe dans des pots, pour figurer sur des gradins d’été & d’automne. Cette pratique est facile dans les climats tempérés : il faudroit les arroser au moins deux fois par jour dans les provinces du midi. Comme cette plante a des racines très-chevelues, elles absorbent beaucoup d’eau. Quelques amateurs prétendent qu’on doit arroser les amaranthes en plein midi, & non le soir ni le matin. Arrosez le matin, le soir ou à midi, dès que la plante en aura besoin ; & dans tous les cas, évitez de mouiller les feuilles, sur-tout si vous arrosez lorsque le soleil est encore fort élevé.

Lorsqu’on arrachera les amaranthes, il faut en garder quelques touffes, quelques pieds pour donner de la graine. Ces pieds seront suspendus dans un lieu sec, à couvert & à l’abri des vents. La plante se desséchera, & de tems à autre on la secouera sur du papier pour en avoir la graine. Comme au midi de la France les amaranthes végètent beaucoup plus vigoureu-