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brune qui les recouvre : on les pile ensuite jusqu’à ce qu’elles soient réduites en pâte, & on les met dans une grosse presse enveloppées dans une toile forte. Cette espèce de sac est placé entre des plaques de fer ; il en dégoutte une huile extrêmement douce, qui est l’huile par expression.

Il reste dans la toile un son que les parfumeurs vendent sous le nom de pâte d’amande pour les mains. C’est le parenchyme de la plante, qui a retenu une partie de l’huile, & la plus grande partie du mucilage.

L’huile contenue dans les cellules particulières de ces semences, devient libre par le broiement ; mais comme elle se trouve confondue avec la partie du parenchyme, il faut l’exprimer pour la faire sortir.

Cette huile ainsi tirée, est la meilleure qu’on puisse employer pour l’usage de la médecine ; elle contient un mucilage qui la rend analeptique & adoucissante, mais on en retire très-peu. Les marchands & les droguistes qui ont intérêt à gagner beaucoup, & qui d’ailleurs ne trouvent pas toujours à vendre le son dont l’œil est gris, ont cherché des moyens de retirer une plus grande quantité d’huile.

Ils jettent leurs amandes dans l’eau bouillante pour les dépouiller de l’enveloppe qui les couvre ; & comme, par ce moyen, ils les ont abreuvées d’eau, & que cette partie d’eau s’unit à la partie mucilagineuse dont elle est le dissolvant, ils sont obligés de mettre leurs amandes dans un étuve où elles éprouvent un degré de chaleur capable de détruire le mucilage & d’attaquer l’huile. Quelquefois même ils échauffent leurs amandes pilées dans un bassin de métal, ainsi que les plaques de fer de la presse. Il est constant que, par ce procédé, ces frelateurs tirent une plus grande quantité d’huile que par le premier procédé ; mais aussi cette huile a déjà contracté un commencement de rancidité en sortant de la presse. Toutes les fois qu’on emploie, pour des usages médicinaux, l’huile d’amande douce, on doit la sentir & la goûter ; si elle a une odeur un peu forte, & un goût un peu âcre ou piquant, il faut absolument la rejeter. Dans les chaleurs, l’huile d’amande douce récemment exprimée, ne se conserve pas plus de quinze jours sans devenir rance.

L’amande amère est un poison violent, dit-on, pour les bipèdes, & on devroit ajouter pour la plupart des quadrupèdes. Si on ouvre les volumes des Éphémérides des Curieux de la nature, des années 1677 & 1688, on trouvera une longue suite d’expériences qui constatent les effets pernicieux des amandes amères sur les animaux. D’après cela, est-il prudent de donner des massepains amers, surtout aux enfans, ou les amandes amères en substance, sous prétexte de chasser les vers ? L’huile douce d’amande est le meilleur remède contre le poison de son fruit.

La gomme qu’on enlève à l’amandier sert en médecine aux mêmes usages que la gomme arabique. On la regarde comme vulnéraire & astringente, & propre à émousser les acides contenus dans l’estomac, & qui occasionnent des aigreurs.

Usages économiques. Le bois est dur, sert pour la marqueterie &