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annoncent toujours qu’elles souffrent, ou qu’elles ont souffert.


CHAPITRE III.

De la culture de l’Amandier.

I. Des semis. Tous les amandiers, excepté l’amandier nain des Indes, n°. VI, se multiplient par les semences. Il y a trois manières de semer les amandes : 1odans des caisses, pour les replanter ensuite ; 2o. dans des pépinières, d’où on les enlève quand l’arbre est formé, pour le placer dans la fosse qui l’attend ; 3o. enfin, les semer à demeure.

1o. Du semis dans des caisses. L’amande à coque tendre, n°. II, est celle qu’on doit choisir par préférence ; & il est inutile, malgré la recommandation de Columelle, de faire tremper dans l’eau miellée les amandes qu’on se propose de semer, ni d’observer le jour de la lune. Le climat que l’on habite indique le moment de semer, parce qu’on est libre d’avancer ou de retarder la germination, afin d’éviter les gelées printanières. Ayez de la terre douce, légère, peu humide, & faites au commencement de Décembre, un lit de cette terre, & un lit de noyaux, & ainsi successivement, jusqu’à ce que la caisse soit pleine. Tenez cette caisse dans un lieu modérément chaud, & les amandes seront germées au commencement de Mars. Si on craint les gelées à cette époque, ne confiez les amandes à la terre qu’en Janvier ou Février, & le plus ou le moins d’humidité que recevra la terre hâtera la germination. Trop d’humidité feroit pourrir l’amande sans germer. Il est avantageux, cependant, de faire germer de bonne heure, parce que l’on gagne du tems ; & lorsque l’on a saisi le moment favorable, il arrive souvent qu’on peut écussonner à la séve du mois d’Août suivant.

Lorsque les germes commenceront à paroître, tirez doucement hors de terre les amandes les unes après les autres, sans nuire au germe. Transportez-les dans la pépinière, & placez-les à deux pieds & demi en tout sens les unes des autres. Un pouce de terre suffit pour les recouvrir. On ne donne communément qu’un pied de distance, & on a tort. L’arbre profite beaucoup mieux à la distance de deux à deux pieds & demi, & la terre en est plus facilement & mieux travaillée.

2o. Du semis dans la pépinière. Cette manière est plus tardive & plus casuelle. Soit pour le midi de la France, & soit pour le nord, la première est préférable, à moins qu’on n’ait mis les amandes en terre aussitôt après leur complette maturité. Cette méthode n’équivaut pas la stratification : on plantera l’amande à deux pouces de profondeur, la pointe en bas. Il est à craindre que les mulots ne dévorent toutes ces amandes, & ces maraudeurs inviteront leurs camarades à venir partager le butin. Voilà ce qui a mal à propos engagé à semer des amandes amères.

3o. Des semis à demeure. Si l’on est à portée de donner les soins nécessaires aux jeunes plantes, ce semis est préférable aux deux premiers. On n’a pas à craindre les effets de la transplantation, toujours nuisibles aux racines.