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les ouvrières avoient soigné ces œufs, d’où les reines étoient sorties. 4o. Il a constamment observé dans toutes ses expériences, que les abeilles ouvrières transportoient les œufs, pour les placer relativement à un certain but ; ce qui porteroit à croire qu’elles connoissent l’espèce d’œufs que la reine pond, puisqu’elles les placent dans le logement convenable au ver qui doit en éclore : il a aussi remarqué qu’elles ne détruisent point les cellules communes, pour en élever une royale, mais qu’elles transportoient un œuf de reine, pris dans une cellule commune, dans une cellule royale. 5o. Ayant renfermé de petits gâteaux avec des abeilles ouvrières, suivant la méthode de Lusace, il vit les œufs se multiplier dans les cellules, sans qu’il pût découvrir aucune reine : il en conclut que les ouvrières pondoient dans le besoin, & qu’elles donnoient ainsi naissance à des vers de l’une & l’autre sorte. Pour s’assurer plus positivement de la vérité de ce fait, il enleva tous les œufs & tous les vers d’un gâteau, qu’il renferma, à la manière de M. Schirach, avec un certain nombre d’ouvrières auxquelles il donna quelques provisions. Le premier & le second jour, elles travaillèrent avec diligence ; sur la fin du second jour, il examina attentivement l’intérieur de la ruche ; il n’y remarqua que des abeilles ouvrières, & il trouva plus de trois cents œufs dans les cellules.

M. Riem se hâta de répéter cette expérience qui montroit des faits si contraires à tout ce qu’on savoit sur la théorie des abeilles : il purgea un gâteau de tous les œufs qu’il contenoit ; il examina de nouveau les abeilles, & les replaça avec ce même gâteau dans la caisse : elles y étoient en petit nombre ; & après être sorties, il les vit rapporter de la cire attachée à leurs jambes postérieures ; il examina à diverses reprises si elles n’apportoient point d’œufs, & il ne découvrit rien qui pût lui faire soupçonner qu’elles en avoient pris dans les autres ruches. Il ouvrit la caisse en présence d’un ami intelligent, & en examinant le gâteau, ils y trouvèrent plus d’une centaine d’œufs. Il laissa les abeilles à elles-mêmes qui couvèrent deux fois quelques vers dans des cellules royales qu’elles avoient construites, & laissèrent l’amas d’œufs, sans y toucher. M. Riem prévoyant qu’on pouvoit lui objecter que ses abeilles s’étoient introduites dans d’autres ruches, pour y prendre des œufs, & les transporter dans la leur, mit dans une caisse deux gâteaux où il n’y avoit ni œufs ni vers, & les ferma avec un certain nombre d’ouvrières, en condamnant l’ouverture de la caisse avec une planche à petits trous ; il la transporta dans un poële où il la laissa pendant la nuit ; c’étoit en octobre : le lendemain au soir, il ouvrit la caisse, examina les gâteaux ; un seul lui offrit plusieurs œufs & les commencemens d’une cellule royale, au fond de laquelle il n’y avoit ni œufs ni vers.

Quoiqu’on soit persuadé de l’exactitude de M. Riem, à s’assurer qu’il n’y avoit effectivement aucun œuf dans les gâteaux qu’il ferma dans une boîte avec des abeilles ou-