Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

besoin qu’a leur mère de leurs secours, elles les auront accueillis avec joie, dans l’espérance de voir leur famille augmenter. Leur indolence, dira-t-on peut-être, ne peut point se concilier avec l’empressement qu’on leur suppose, d’aller trouver la femelle. Ils ont paru indolens, il est vrai, quand on les a observés avec la femelle ; mais pourquoi ne pas supposer qu’ils ont de la pudeur, & qu’ils sont moins indifférens & plus actifs dans le secret de l’habitation où ils ne sont pas observés ?

4o. M. Schirach ne connoît que les faux-bourdons de la grosse espèce, qu’il est facile de distinguer des abeilles ordinaires : il est une autre espèce beaucoup plus petite, qui, malgré sa ressemblance avec les abeilles ouvrières, n’a pu se dérober aux observations de M. de Réaumur & de Jean de Braw. La petitesse de leur taille peut avoir induit en erreur l’observateur de Lusace, qui les aura confondues avec les abeilles ouvrières.

M. Attorf, de la société économique de la Haute-Lusace, a fait les mêmes expériences que M. Schirach, avec cette différence qu’il épargna aux abeilles ouvrières les soins de choisir une reine, en en prenant une lui-même dans une cellule fermée, qu’il leur donna, après l’avoir sortie de sa prison. Le résultat de ses observations fut le même que celui des expériences de M. Schirach. Celles qu’il a faites pour observer l’accouplement de la reine avec les faux-bourdons, n’ont point eu le succès qu’il en attendoit, & il n’a rien vu de satisfaisant à cet égard. M. Attorf conclut de ses expériences, qu’il n’a point réitérées assez souvent pour établir quelque chose de certain sur les faits annoncés, que les faux-bourdons ne doivent point être considérés comme les mâles nécessaires à la reproduction des abeilles. Il conjecture, au contraire, que leur unique emploi est de couver, puisqu’ils ne paroissent dans les ruches, que dans le temps des essaims. M. Attorf n’a point fait attention qu’il n’y a point de faux-bourdons dans la ruche après l’hiver, lorsque la reine fait sa première ponte ; cependant les œufs éclosent sans qu’ils soient couvés.

M. Riem, de la société économique de Lauter dans le Palatinat, a répété avec soin les expériences de M. Schirach. Ce qu’elles lui ont appris, est absolument contraire à ce que l’observateur de la Haute-Lusace avoit remarqué. 1o. M. Riem a observé que la reine pond indifféremment les trois sortes d’œufs dans les cellules communes, & qu’ensuite les ouvrières les transportent dans celles qui leur conviennent. 2o. Il a observé l’accouplement de la reine avec les faux-bourdons ; il avoue que tout ce qui se passe dans cet accouplement a été décrit avec exactitude par M. de Réaumur. 3o. M. Riem avoit enfermé quatre petits gâteaux, qui n’avoient chacun qu’un seul ver, dans quatre caisses de l’invention de M. Schirach ; il donna l’essor aux abeilles le second jour ; elles ne firent aucune récolte, & il trouva le ver desséché : il conjectura qu’il étoit resté des œufs de reine dans les gâteaux mis en expérience par l’observateur de Lusace, & que