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de magasins pour y déposer le miel & la cire brute.

On peut conjecturer, par le nombre de ces cellules que les abeilles avoient bâties depuis le mois de Juin jusqu’à la fin de Septembre, combien elles en auroient encore construites depuis le mois de Mars jusqu’au mois de Juillet, & même d’Août, dans les endroits principalement où elles trouvent, pendant toute la belle saison, de la cire brute à recueillir ; ce nombre auroit pu aller jusqu’à plus de cinquante mille. M. de Réaumur, dans un gâteau de quinze pouces de long sur dix de large, assure qu’on doit y trouver environ neuf mille alvéoles sur les deux surfaces : leur diamètre étant connu & déterminé, il est fort aisé de s’assurer par soi-même de la vérité d’un fait qui paroît surprenant, quand on n’a pas observé les abeilles.


ALVIN, ou Alevin. Nom qu’on donne aux menus poissons dont on se sert pour peupler les étangs. On les appelle encore feuille. (Voyez le mot Étang)


ALUN, Pharmacie. Sel neutre, composé d’acide vitriolique & d’une terre approchante de l’argile. Ce sel est inodore ; sa saveur est acerbe & très-austère ; il prend la forme d’un octaëdre régulier dans sa cristallisation. Si on l’expose à l’air libre ou dans quelque lieu humide, il se couvre alors d’une légère efflorescence, & elle diminue son espèce de transparence. L’eau froide dissout l’alun, mais en petite quantité ; & il se dissout bien plus copieusement dans l’eau bouillante ; si on le soumet à l’action du feu, il se liquéfie & finit par se changer en une masse spongieuse, blanche, sèche & très-friable. C’est ce que l’on nomme, dans les boutiques, alun calciné. Si, dans cet état, on le dissout dans l’eau, & si l’on fait ensuite évaporer cet alun, il reprendra première forme.

L’on vend dans les boutiques trois sortes d’alun : savoir, l’alun de roche ou de glace, à cause de sa ressemblance à la glace ; l’alun de Rome & l’alun de plume. Le premier nous est apporté d’Angleterre & du pays de Liége. On voit entre Argenteau & Hui, une très-belle alunière ; & il y en a plusieurs dans les environs, ou plutôt c’est la même couche, exploitée dans différens endroits. L’alun est contenu dans une terre schisteuse. À Reys, par exemple, on le tire à la profondeur de vingt à trente toises. Cette terre, d’un bleu noirâtre, est dans un état de pâte, & elle se durcit au soleil ; alors les masses de terre se divisent sans peine par feuillets, & entre ces feuillets, on apperçoit des cristallisations de ce sel ; elles sont applaties & blanches : on les prendroit, au premier coup d’œil, pour des lames de mica, diversement configurées. La terre qui fournit l’alun en Angleterre, est également une pierre bleuâtre.

On en retire beaucoup de la Solfatare près de Naples, & à moins de frais qu’à Civita-Vecchia. D’un vaste bassin de mille cinq cents pieds de long sur mille de large, sortent des exhalaisons enflammées ; la terre des environs est couverte d’alun en efflorescence ; chaque jour on le ramasse, & on en jette dans des