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peu de produit du champ ou du pré vient de quelque vice de terrain, de quelque eau qui filtre entre deux terres, ou qui croupit en quelqu’endroit, des ravages causés par les mulots ou par les taupes, il faut y remédier, à quelqu’usage qu’on veuille destiner le fonds.

On a vu que les fermiers anglois corrigent leurs terres par le mélange des terres opposées ; la marne convenable, & le fumier mélangé par couches alternatives.

Chacun sait que l’on dessèche les terrains mouillés par des pierrées, de la chaux, du gravier, &c. s’il y a des pierres dont la grosseur empêche le cours de la charrue, il faut les enlever, ainsi que celles qui s’opposeroient à la faux.

Quant aux taupes, on les détruit en mettant dans leurs trous des moitiés de noix, qu’on a fait bouillir dans une lessive ordinaire, faite avec la cendre de bois. Cependant quelques particuliers laissent les taupes travailler à leur aise, mais ils ont l’attention de parcourir très-souvent leurs prairies, & chaque fois de faire abattre la petite éminence qu’elles ont faite, d’en répandre la terre, & de jeter par-dessus un peu de graines de foin. Dans le tems de la fenaison, ce sont les plus belles places.

Les chaumes, en Angleterre, sont si forts & si épais, & coupés si haut, qu’il peut y avoir de l’avantage à les brûler & à en répandre la cendre : il pourroit même quelquefois arriver qu’ils empêcheroient de herser. Il n’en est pas ainsi dans les pays où la paille est coupée très-près de terre. D’une autre part, les cultivateurs anglois, dans la culture ordinaire, ne brûlent pas leurs terres ; ils ont raison : cette amélioration n’est que momentanée dans la plupart des terrains, & il s’agit d’établir des terres à demeure. Tout ce qu’on pourroit & devroit faire, c’est que si, après avoir fait rompre les gazons par des manœuvres, il restoit des chevelus, il faudroit y mettre le feu pour détruire plus promptement les racines & les semences, & en répandre les cendres sur le terrain. On se procureroit ainsi un amendement qui ne causeroit aucun préjudice pour l’avenir.

Les cultivateurs intelligens de la Suisse, & les fermiers anglois, font passer le rouleau sur leurs prairies artificielles. Cette opération affermit, unit le terrain, assujettit la semence, rompt les mottes, facilite la coupe du foin. Il faut épierrer avec soin, parce que tout labour amène les pierres à la superficie.

Un cultivateur instruit ne sème pas de suite les mêmes herbages, les mêmes fourrages sur la même terre ; il les varie : mais on ne s’est pas encore assez appliqué à constater quelle espèce de plante réussit mieux ou plus mal après telle autre.

Faut-il semer les herbages ou prairies artificielles, sur les terres déjà enclavées ? ou doit-on les semer sur le terrain vide ? Il y a des raisons pour & contre.

On dit que les plantes de bled garantissent l’herbage encore jeune & tendre, des premières chaleurs de l’été. L’on comprend que cette raison ne peut être bonne que pour les pays chauds, & que même, en