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d’autres sels que l’on retrouve dans les cendres. Une nouvelle calcination faite avec toutes les attentions possibles, achèvera de consumer cette matière inflammable surabondante. La portion de terre se séparera d’elle-même, si l’on réitère plusieurs fois les dissolutions, les dessiccations et les filtrations. Quant aux matières salines qui, par leur mélange, altèrent la pureté du sel alcali, la cristallisation est le seul moyen que fournisse la chimie pour les séparer. Comme chaque sel a une forme régulière qui lui est propre, on les reconnoît alors, & on les sépare ; mais il arrive trop souvent que deux ou plusieurs sels se combinent & cristallisent ensemble. Il faut beaucoup d’adresse & de connoissances pour obtenir l’alcali fixe végétal bien pur.


§. III. De l’Alcali minéral ou marin.

L’alcali minéral ou marin est ainsi nommé, parce qu’il sert de base au sel marin, & que, quoiqu’on le retire de certaines plantes, il appartient directement au règne minéral, & non aux deux autres. Cette substance saline a non-seulement toutes les propriétés générales des alcalis, mais encore celles de l’alcali fixe végétal dont il ne diffère peut-être essentiellement que par son origine & par quelques qualités extérieures. Il a la même saveur, cependant un peu moins corrosive & moins brûlante, la même fixité ; il pénètre & dissout les mêmes substances ; il fond & vitrifie toutes les terres. On a remarqué toutefois que les verres qu’il forme, sont d’une nature plus solide, plus ferme & plus durable. Combiné avec tous les acides, il en résulte des sels neutres en rapport avec ceux que produit l’alcali végétal. Il fait des savons avec toutes les huiles & les matières huileuses, mais ils restent mous & n’acquièrent jamais la consistance & la fermeté de ceux qui doivent leur origine au premier alcali. Dissous dans l’eau, & traité par l’évaporation & le refroidissement, il se cristallise ; quoiqu’il retienne moitié & plus de son eau de cristallisation, il a peu d’adhérence avec elle, car il la perd en partie par la seule exposition à l’air libre : ses cristaux tombent alors en efflorescence, & se réduisent sous la forme d’une poussière blanche.

Avec l’acide vitriolique, l’alcali minéral forme du sel de glauber, dont toutes les différences avec le tartre vitriolé résultent de la nature de leurs bases alcalines ; avec l’acide nitreux, il produit une espèce particulière de nitre, susceptible de détonation & de cristallisation, connu sous le nom de nitre cubique, ou nitre quadrangulaire ; avec l’acide marin, il forme le sel commun ou de cuisine ; avec l’acide du vinaigre, une espèce de terre foliée de tartre déliquescente & peu susceptible de cristallisation ; avec l’acide concret tartareux, du sel de seignette, qui diffère du sel végétal par ses cristaux qui sont infiniment plus gros & plus beaux.

L’alcali minéral étant contenu, comme nous l’avons dit, dans le sel marin commun & dans certaines plantes maritimes, le seul moyen de l’obtenir est de l’extraire de ces substances. Il seroit trop coûteux & trop difficile de le retirer du sel commun ; on est donc réduit à se