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de la fosse, faites-le porter dans l’endroit que vous consacrez aux fumiers. Là, sur un lit de demi-pied, couvrez-le d’un lit de bonne terre de trois pouces d’épaisseur, & ainsi successivement à mesure que l’on en retirera de la fosse. Le lit ou la couche supérieure doit nécessairement être en terre bien battue. Cette terre retiendra la chaleur dans la masse, & empêchera sa trop prompte opération. D’ailleurs, l’ardeur du soleil dessécheroit la couche de paille, & détruiroit les principes de l’engrais. Il est important que la place où sera déposé cet excellent engrais, soit plus large que le monceau, & ait un pied de profondeur au-dessous du niveau du terrain, parce que ce fossé retiendra les eaux, entretiendra une humidité nécessaire à la fermentation de la masse. Lorsque l’on s’appercevra que l’eau du creux commencera à s’évaporer entiérement, n’attendez pas le moment de siccité avant d’en donner de nouvelle, sur-tout dans l’été : ce fumier prendroit bientôt le blanc, & il se consommeroit en pure perte. C’est alors le cas de faire des trous sur le haut de la masse avec de longues perches, afin que l’eau qu’on y jettera la pénètre dans toutes ses parties ; & l’opération finie, les trous seront rebouchés avec de la terre. On peut à la seconde année employer ce fumier en toute sureté, & il produira à coup sûr le meilleur effet, sur-tout dans les terres compactes & argileuses.

Dans quelques parties de la Flandre & de l’Artois, on cherche moins de précautions. On délaye dans l’eau les matières stercorales, & on répand cette eau avec de grandes cuillers, & par aspersion, sur les champs qu’on vient de semer.

Il est bien étonnant que dans plus de la moitié du royaume, on laisse perdre cet engrais si supérieur. Tous les habitans de la métairie vont soulager la nature derrière un mur, & le propriétaire imbécille, pour son intérêt, ne sait pas leur procurer des fosses d’aisance.

On objectera peut-être que cet engrais communique aux plantes un mauvais goût, une mauvaise odeur. Cela est vrai, si on l’emploie en forte quantité & frais : mais préparé ainsi qu’il vient d’être dit, j’ai la preuve la plus complette & la plus forte du contraire. Une ménagerie composée de six ou huit personnes peut fournir par an dix fortes charretées de ce fumier, en y comprenant la paille & la terre.


AISSELLE. C’est la petite cavité qui se rencontre à l’endroit où les fleurs & les feuilles se joignent avec la branche ou la tige. Quand une branche sort du tronc, elle fait nécessairement deux angles ; l’un supérieur, & toujours aigu ; l’autre inférieur, & obtus par conséquent. L’angle supérieur porte seul le nom d’aisselle, & l’on nomme axillaires toutes les parties des plantes qui y sont implantées. Non-seulement les branches, mais les feuilles forment des aisselles, & peuvent être axillaires. Il est très-rare cependant que les feuilles le soient, & l’on n’en connoît point d’exemple en botanique. Au contraire, les feuilles naissent immédiatement sous l’insertion des branches, & rendent celles-ci axillaires ; dans la gratiole, ou herbe