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en ont peu d’habitude, & par conséquent sont exposés à tous les dangers que des hommes plus exercés connoissent & savent éviter au moins en partie. Le lecteur pardonnera le dégoût qui résulte du sujet dont on parle en faveur du motif.

Outre la première propriété de la chaux dont on vient de parler, elle a encore celle de désinfecter l’air renfermé dans la fosse. Ce n’est donc point un moyen à négliger lorsqu’il s’agit de les vider. Le moyen le plus court, le plus efficace & le plus constant, c’est d’établir un fourneau sur la lunette de l’appartement le plus élevé de la maison. J’avois vu suivre ce procédé pour attirer, à l’extérieur des mines, l’air corrompu qui règne dans ces galeries souterraines, & souvent à plus de cent & de deux cents pieds au-dessous du niveau de l’entrée. Je le proposai à M. Cadet le jeune, si connu par son zèle patriotique, & qui s’occupoit alors, avec MM. Laborie & Parmentier, de la manière de désinfecter les fosses de Paris. Le succès répondit à leur attente ; & ils ont tellement perfectionné cette manipulation, qu’il est impossible aujourd’hui de voir périr un seul ouvrier qui suivra leur méthode. Voici comment ces Messieurs s’expliquent dans l’ouvrage qu’ils firent imprimer en 1778, sous le titre d’Observations sur les Fosses d’Aisance, & sur les moyens de prévenir les inconvéniens de leur vuidange… « Sur un des sièges d’aisance est placé un fourneau. Il est composé d’une tour, sans fond ni porte, garni d’une chappe, portant à sa partie antérieure la porte mobile par laquelle s’introduit le charbon sur une grille placée à quelques pouces de la base du fourneau. À cette chappe sont adaptés des tuyaux de tôle qui ont leur issue en dehors de la maison. »

« À peine l’intérieur de ce fourneau est-il échauffé par le charbon qui s’allume, que si l’on vient à présenter un papier allumé à la porte de la chappe, la vapeur qui traverse prend feu & produit une flamme vive & brillante. »

« Le charbon une fois allumé, cette flamme devient un brandon constant qui s’élève de deux à trois pieds au-dessus de la chappe, quand on la débarrasse de ses tuyaux. Elle est fort différente par sa légéreté & par son volume, de celle d’un simple brasier de charbon. Cette flamme n’en diffère pas moins par sa couleur & par l’odeur qu’elle répand. On ne peut mieux la comparer à cet égard qu’à la vapeur enflammée d’une dissolution de fer dans l’acide vitriolique. »

« La première fois que nous fîmes cette expérience, c’étoit dans une maison dont le local n’avoit pas permis de choisir l’emplacement le plus convenable du fourneau. Il étoit au rez-de-chaussée, & les tuyaux n’avoient point d’issue en dehors du cabinet, L’odeur d’acide sulphureux volatil qui se répandit dans la maison, étoit si forte, que nous ne voulûmes croire qu’elle venoit du fourneau, qu’après nous être assurés qu’on ne brûloit point de soufre dans la maison. Nous avons fait respirer des oiseaux, des chats au-dessus des tuyaux qui conduisoient ces vapeurs ; non-seulement ils n’ont plus respiré la mort, & même ils n’ont paru affectés d’au-