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déjà adhérent aux feuilles ; c’est plutôt à quelque mouvement vital qui a lieu dans les feuilles exposées au grand jour, & qui cesse dès qu’elles se trouvent à l’ombre, qu’il faut l’attribuer. La sortie de cet air, sous la forme de bulles, n’est que la continuation des courans ou jets, de la plus grande subtilité, de ce même air, qui sortent des conduits excrétoires des feuilles pendant la grande clarté du jour : dans l’état naturel des choses, ils sont parfaitement invisibles.

Tout ce que nous venons de rapporter de ces différens auteurs prouve que les végétaux contiennent une quantité plus ou moins grande d’air, & qu’on peut l’en extraire en grande partie. Il y circule avec la séve, & s’en échappe par tous les orifices qui procurent l’écoulement de ce fluide. M. Hales, dans une de ses expériences qu’il fit pour connoître la force de la séve de la vigne dans le tems qu’elle pleure, remarqua que, lorsque le soleil donnoit chaudement sur le cep, l’on en voyoit sortir & monter à travers la séve une quantité si grande de bulles d’air, qu’elles faisoient beaucoup de mousse au-dessus de la séve, dans le tuyau de l’expérience ; ce qui montre, ajoute-t-il, la grande quantité d’air tiré par les racines & la tige. On ne peut donc nier son existence dans les végétaux ; mais quels sont les organes par lesquels il entre & pénètre jusque dans la substance la plus intérieure ?

Section II.

Par quel organe l’Air entre-t-il dans les plantes ?

On peut assurer avec confiance qu’il n’y a aucune partie de la plante qui ne soit destinée immédiatement à s’approprier les différentes substances qui concourent à la nutrition générale. Les racines, la tige ou l’écorce, les feuilles, les fleurs même, pompent dans la terre & dans l’air les principes de vie. Toute la surface de la plante est donc une vraie bouche, un vrai suçoir par lequel ils s’introduisent, avec l’air que nous avons retrouvé en si grande quantité dans chaque partie.

On concluroit assez naturellement que ce doit être par les racines & les feuilles seules que l’air pénètre les vaisseaux des plantes, parce que l’on rencontre dans les racines & dans les feuilles un plus grand nombre de trachées ; elles y sont aussi plus larges que dans le reste de la plante. Mais la difficulté est d’expliquer comment ce fluide parvient jusqu’à l’orifice des trachées. Les racines sont recouvertes par l’écorce, & ces vaisseaux longitudinaux ne sont placés que dans le corps ligneux proprement dit ; l’épiderme qui enveloppe les feuilles ne donne point naissance à ces mêmes vaisseaux. Il est de fait cependant que l’air s’introduit même par l’écorce dure, serrée & compacte de la tige. Les trachées ne peuvent donc pas être considérées comme l’organe immédiat de l’introduction de l’air, mais simplement comme le réservoir où il s’élabore, & les canaux déférens de ce principe nourricier. Ne seroit-ce pas simplement par les pores innombrables dont l’épiderme qui enveloppe toute la plante, est criblée, que l’air entre dans l’enveloppe & le tissu cellulaire, les couches corticales, & les vaisseaux