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aimant & le fer. Mais si ce fer est aimanté, on observe alors le même phénomène qu’avec un autre aimant, c’est que les pôles du même nom se fuient mutuellement, tandis que les pôles contraires ou de différens noms s’attirent. Une seule expérience rend ces deux forces très-sensibles. Dans un vase plein d’eau, faites surnager une aiguille à coudre. Approchez de l’une des extrémités de cette aiguille le pôle d’un aimant, l’aiguille sera attirée sur le champ, & suivra toutes les impressions de l’aimant ; présentez le pôle contraire, l’aiguille fuira & reculera. Si l’aiguille elle-même est aimantée, les effets des pôles opposés seront bien plus marqués.

La force d’attraction & de répulsion magnétique ne dépend pas toujours de la grosseur & de la distance de l’aimant. Mais pour l’augmenter considérablement, il ne s’agit que de revêtir le morceau d’aimant de bandes de fer, que l’on nomme armure. Une pierre ainsi armée a beaucoup plus de force, la vertu attractive se manifeste à de plus grandes ou de moindres distances, suivant la qualité de l’aimant ; mais l’étendue de cette sphère d’activité ne dépend point de l’énergie de la force attractive.

Non-seulement cette force agit à quelque distance sur les corps qu’elle maîtrise, mais elle se fait encore sentir à travers différentes matières. Au-dessus d’une pierre d’aimant, placez successivement un morceau de carton, un plan de bois, une lame de verre, d’or, d’argent, d’étain, de cuivre, &c. Répandez de la limaille de fer dessus, & vous observerez qu’elle obéira aux impressions de l’aimant. La flamme ni l’eau ne nuisent point à ces effets, & n’arrêtent pas les écoulemens magnétiques.

Outre la direction de la vertu attractive, que nous avons reconnue dans l’aimant, il a encore la propriété de communiquer sa vertu attractive au fer & à l’acier. Si l’on passe un morceau de fer ou d’acier, comme une lame de couteau, sur un des pôles d’un aimant, on communiquera à cette lame une vertu magnétique, & elle en acquerra toutes les propriétés. Cette découverte a conduit à l’invention des aimants artificiels, qui ne sont autre chose qu’une ou plusieurs lames d’acier réunies ensemble, & fortement aimantées.

Ce n’est pas sans précaution qu’il faut aimanter une lame d’acier. 1o. On communique plus de vertu à un morceau de fer en le passant lentement, & l’appuyant fortement sur un des pôles d’un aimant ; 2o. on lui communique plus de force en ne le passant que sur un pôle plutôt que sur les deux ; 3o. il faut surtout avoir soin de ne jamais repasser en sens contraire sur le même pôle, car alors la pièce que l’on aimante perdroit une partie de la force qu’elle auroit acquise.

On parvient à aimanter, même sans aimant, un morceau de fer. Frappez une tige de fer suspendue verticalement ; tordez ou pliez-la ; forgez-la à diverses reprises : en un mot, presque toutes les opérations auxquelles le fer est soumis dans les mains de l’artiste, lui communiquent cette vertu ; & ce nouvel aimant artificiel a les mêmes propriétés que l’aimant naturel.