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ouvrages qu’on peut exécuter le soir, n’est pas regardé par Pline comme un bon économe, à moins qu’un tems défavorable ne le retienne à la maison. Plus mauvais économe est encore celui qui fait les jours ouvrables ce qu’il pourroit exécuter les jours de fêtes, & très-mauvais celui qui travaille par un beau tems à la maison, au lieu d’aller aux champs. C’est moins la dépense que l’œuvre qui avance la culture.

Si vous avez de l’eau, attachez-vous sérieusement & principalement à faire des prés humides ; si vous manquez d’eau, procurez-vous le plus que vous pourrez de prés secs. Caton.

N’oubliez pas que le père de famille doit être vendeur & non pas acheteur. Il doit tirer de son fonds tout ce que le sol peut fournir pour ses besoins. Les voyages périlleux que l’on entreprend par mer, & les richesses qu’on va chercher aux Indes, ne sont pas d’un plus grand produit à ceux qui les trafiquent, que ne l’est un fonds de terre à celui qui le cultive bien.

L’ordre dans lequel Caton rangeoit les fonds de terre à raison du revenu qu’ils rendoient, étoit celui-ci. 1o. Les vignes, lorsqu’elles étoient bonnes ; 2o. les potagers ; 3o. les saussaies ; 4o. les plants d’oliviers ; 5o. les prés ; 6o. les terres à grain ; 7o. les taillis ; 8o. les arbres fruitiers ; 9o. les forêts de chêne qu’on laissoit sur pied à cause du produit du gland. Varron & Columelle placent les prés au premier rang. Le meilleur de tous les produits de la campagne, au rapport de Caton, étoit les bestiaux : aussi lorsqu’on lui demandoit quel objet produisoit plus de profit, il répondoit, les troupeaux, si vous les conduisez bien : & après celui-là ? les troupeaux, si vous les conduifez médiocrement bien.

Il seroit facile de grossir le nombre de ces préceptes, en ajoutant les préceptes particuliers pour tous les objets d’agriculture ; mais ils sont réservés pour chaque objet pris séparément. Si on veut avoir une idée des écrivains françois sur l’agriculture, on trouvera à la fin de cet Ouvrage une note détaillée sur tous les livres qu’ils ont publiés.


AGRIER. Terme de coutume, qui signifie le terrage & champart dû au Seigneur, suivant quelques coutumes, sur les gerbes du bled recueilli dans sa seigneurie. Ce droit est plus ou moins fort, suivant les lieux où il est établi.


AGRIPAUME, ou CARDIAQUE. (Voyez Planche 7) M. Tournefort place cette plante dans la classe des fleurs labiées, & la nomme Cardiaca. J. B. Le chevalier Von Linné la range dans la didynamie gymnospermie.

Fleur, à deux lèvres ; la supérieure pliée en gouttière, obtuse à son extrémité, arrondie, entière, velue, beaucoup plus longue que l’inférieure, qui est divisée en trois, & repliée. La couleur de la fleur est d’un rouge pâle. En B, la fleur est vue de profil. C fait voir la fleur de profil avant son épanouissement, & les poils qui recouvrent la corolle. D montre la fleur en face ; E le pistil divisé en deux stigmates à son sommet, & il repose au fond du calice F. Ce calice est un tube