Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rels, & n’ont pas besoin d’être greffés ; tandis que les sauvageons de Normandie non greffés donneroient un fruit dont la liqueur ne seroit pas buvable.

Pourquoi la province de Guipuscoa est-elle si froide sous le parallèle du quarante-troisième degré ? C’est qu’elle est adossée au nord de la chaîne des Pyrénées, & qu’aucune chaîne de montagne ne l’abrite contre les vents froids du septentrion.

Celui qui voudra actuellement parcourir le reste du royaume, y suivre & y étudier les positions des abris, y trouvera la raison physique & déterminante de la culture de chaque pays, cependant subordonnée à la nature du sol, qui est une cause secondaire & essentielle. Ce qui a été dit des bassins de France, de leurs abris & des climats, suffit pour mettre chaque cultivateur instruit dans le cas de réfléchir sur le genre de culture la plus appropriée & la plus convenable pour son canton. Dès-lors il sera en garde contre ces systêmes de culture qui embrassent l’agriculture du royaume entier, qui généralisent tout, & veulent tout soumettre à la même loi & au même régime. L’excellente culture de Flandre conviendroit peu à nos provinces méridionales, & celle de ces provinces seroit absurde dans les pays de montagnes. Perfectionnez les méthodes de votre canton, & ne les changez jamais complettement, quant au fond, sans avoir auparavant fait beaucoup d’expériences. Les raisonnemens & la théorie ne concluent rien en agriculture : l’expérience seule dicte des loix.


QUATRIÈME PARTIE.

Préceptes généraux sur l’Agriculture, tirés des anciens Écrivains.

M. Dumont, auteur des Recherches sur l’administration des Terres chez les Romains, a recueilli dans son savant & excellent ouvrage, les préceptes que Caton, Varron, Pline & Columelle donnoient à leurs contemporains. Ils sont si judicieux & si dignes d’être rapportés, qu’ils méritent de trouver place dans un Ouvrage de cette nature.

Que faut-il, se demande Caton, pour bien exploiter une terre ? 1o. Prendre garde à la travailler à propos ; 2o. la bien labourer ; 3o. la bien fumer. Voulez-vous, ajoutoit-il, acquérir un bien de campagne ? ne vous pressez pas de l’acheter : ne ménagez point vos pas pour le bien connoître, & faites-en plus d’une fois le tour. Observez si les voisins ont l’air d’être à leur aise : on reconnoît à cela que le pays est bon. Remarquez par où on y entre & par où on en sort.

Pline dit : Considérez la qualité du climat & du sol ; n’achetez aucun domaine dans un climat mal sain, quelque fertile qu’il soit, ni dans un canton salubre, si le terroir en est stérile.

Suivant Caton, renoncez aux terres dont le travail demande trop de dépenses & d’attirail. Sachez qu’il en est d’un champ comme d’un homme : il importe peu qu’il rapporte beaucoup, s’il coûte beaucoup. Alors le profit est nul. Le vrai but est de retirer l’intérêt de ses avances & de ses peines ; ainsi le