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est à peu de chose près égale à celle de la Suède. C’est sur les montagnes de ce bailliage que paissent les animaux dont le lait sert à former les excellens fromages de Gruyères.

Une exception ne prouve point assez ; il convient donc d’examiner les choses plus en grand : en conséquence, tirons une ligne de Nice en Piémont, jusqu’à Saint-Sébastien en Espagne, en traversant les provinces les plus méridionales de France ; on y trouvera quatre climats bien caractérisés.

Le premier est le pays des orangers, des oliviers, & des vignes : il a au sud la mer & l’Afrique, & immédiatement derrière lui les montagnes coupées, presque à pic, qui l’abrite du nord.

Le second, le pays des oliviers & des vignes, sans orangers : il a au sud la mer & l’Afrique, & les montagnes qui lui servent d’abri sont éloignées de la côte.

Le troisième est le pays des vignes, sans orangers ni oliviers : il a au sud les Pyrénées.

Le quatrième, le pays sans vignes : il a au sud les Pyrénées ; & elles sont si voisines, qu’elles l’abritent entièrement de tous les vents du sud. Il convient de détailler un peu plus amplement cette manière d’envisager les abris.

Carcassonne & ses environs, sont un des points principaux de partage. Le climat de Toulouse ressemble plus à celui de Paris, qu’à celui de Béziers ou de Montpellier. La Provence, depuis Marseille jusqu’au Rhône, est dans le même climat que le Bas Languedoc. On pourroit, à l’exemple des Botanistes, pour déterminer la nature des productions de chacun de ces climats, examiner les plantes qui y croissent ; mais cet examen nous meneroit trop loin ; & il suffira de dire que, depuis Marseille jusqu’à Carcassonne, le pays est couvert d’oliviers ; qu’il ne s’en trouve plus après cette ville ; & que ceux qui sont dans son voisinage y réussissent très-mal. Il en est de cette ville pour les oliviers, comme de Montelimar ; voilà leurs limites & le point de démarcation. La raison de cette différence est évidente, quand on considère le méridien de Carcassonne, qui partage deux pays, dont l’un a au midi la mer, & par delà les sables brûlans d’Afrique, tandis que l’autre a au midi les sommets des Pyrénées, presque toujours couverts de neige.

À Dax, à Bayonne, dans les landes de Bordeaux, le climat est plus chaud que dans le Haut-Languedoc, soit parce que le terrain est entiérement de sable, soit parce que le pays est plus bas. Dans les landes, on trouve plusieurs cistes qui ne végéteroient point dans le Haut-Languedoc. À Bayonne, on cultive en pleine terre la caracelle, qui exige l’orangerie à Paris. La force des vins, leur spirituosité, caractérisent l’intensité de chaleur du climat. Le cyprès étoit autrefois naturel dans le pays qu’on nomme entre deux mers, près de Bordeaux. Ce sont les hommes qui l’ont détruit ; cependant on ne pourroit pas y cultiver l’olivier comme en Provence & en Languedoc. On doit donc regarder la plaine depuis Bordeaux jusqu’à Bayonne, comme un climat mitoyen, moins chaud que le Bas-Languedoc, & beaucoup