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dont le débit est assuré dans les ports de mer.

Quel contraste étonnant entre le Périgord noir, & cette belle plaine bordée d’un côté par la Dordogne, & de l’autre par la Garonne ! C’est-là qu’on trouve ces terres de promission, & qu’on ne sauroit mieux comparer qu’à celle de Lauraguais ; c’est-là que la nature étale avec une espèce de luxe sa plus grande magnificence dans les moissons, & l’habitant industrieux la soutient par son travail.

Il n’est pas surprenant que ces plaines soient si fertiles ; elles servent de réceptable à toute la portion terreuse entraînée des montagnes par les eaux, tandis que le sable & les petits graviers, comme les plus pesans, ont formé d’immenses dépôts dans les parties supérieures. Tout le terrain contenu entre la Dordogne & la Garonne, est appellé entre deux mers, soit à cause du reflux qui se fait sentir en remontant assez haut dans ces deux rivières, soit parce qu’il est visible que c’est un dépôt formé à l’aide du reflux, qui retenoit les terres apportées par les rivières : la mer a également contribué à son élévation par le limon qu’elle y a déposé.

Le côteau renforcé couvre des vents du nord la plaine de Bordeaux composée en grande partie d’un sable limoneux du côté de la mer, & qui lui doit son existence. Lorsque sous ce sable, il ne se rencontre point de couches glaiseuses, argileuses, le vin y est délicieux. Tel est celui d’Aubrion, &c. parce que l’eau s’imbibe facilement, pénètre le sable, & ne surcharge pas d’une humidité nuisible les racines de la vigne. On rencontre quelquefois dans ce sable de dépôt des couches d’alios, ou ferrugineuses. Si on n’a pas la précaution de les briser, lorsqu’on le peut, elles produisent sur la vigne le même effet que l’argile, c’est-à-dire, que l’eau reste stagnante. Il seroit trop long de suivre toutes les particularités & variétés frappantes qu’on rencontre dans les dépôts & les abris de ce grand bassin. C’est une esquisse, & non un tableau achevé, que nous devons présenter.

Les rivières qui concourent à former ce bassin, sont la Gélisse, le Gers, l’Ajoux, le Tarn, le Lot, la Dordogne, la Vezère, l’Ill, l’Isonne, l’Argentière & l’Ariège : ces deux dernières, semblables au Rhin, au Rhône, au Doux, à la Cèse dans les Cevènes, au Gardon, au Salat, roulent des paillettes d’or, & en assez grande quantité ; enfin, une infinité d’autres petites rivières qui, après avoir vivifié leurs bords, vont s’engloutir & se confondre avec la Garonne.


Section II.

Des petits Bassins.

On compte au nombre des petits bassins ceux de la Basse-Provence, du Bas-Languedoc, du royaume de Navarre, des landes de Bordeaux, de la Saintonge, de la Bretagne, d’une partie de la Normandie, de Calais, d’Artois & d’une partie du Cambrésis.

1o. Du Bassin de la Basse-Provence. En partant du Var, qui sépare la France du Piémont, on voit à Nice la chaîne des Alpes venir se perdre à la mer, & un de ses embranchemens se propager en Italie, & y former les Apennins. Au nord de la