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avantage des bains tièdes pendant leur grossesse, & même pendant le tems de l’accouchement.

Nous venons de parler des incommodités des femmes enceintes ; il nous reste à dire un mot des maladies propres à la grossesse ; & ces maladies sont, les chûtes, les coups & les pertes.

Il faut saigner une femme dès qu’elle a fait une chûte ou reçu un coup, de peur que le décolement du placenta ne produise une perte, & la perte une fausse couche.

À la suite d’un coup ou d’une chûte, la femme n’ayant pas été saignée, s’il paroît une perte, il faut aussitôt faire mettre la malade au lit, lui recommander le repos & la tranquillité d’esprit, & lui faire une ou deux saignées du bras, suivant l’exigence des cas : il faut avoir soin de laisser couler le sang lentement & par intervalle, afin d’éviter les pamoisons qui pourroient devenir très-nuisibles au fœtus ; il faut lui faire boire une ptisane légère d’orge ou de chiendent, la soutenir seulement avec du bouillon gras, en observant de lui donner tout froid, même le bouillon, & proscrire entiérement, comme poisons, les remèdes chauds, tels que le vin & les liqueurs spiritueuses : souvent, en suivant cette conduite sage, on évite les fausses couches.

2o. Pendant l’accouchement.

Tant que l’enfant reste enfermé dans le sein de sa mère, on l’appelle fœtus. Au terme de neuf mois, sa longueur est de dix-huit à vingt pouces, & sa pesanteur de sept à huit livres. Le fœtus renfermé dans le sein de sa mère, est enveloppé de différentes toiles ; il nage au milieu des eaux, & il tient par un cordon nommé ombilical, à un corps nommé placenta, lequel est collé à la matrice. Le fœtus tient au sein de sa mère, comme la racine tient à la terre, & il en tire sa subsistance par le même méchanisme : il augmente de volume ; & la matrice, dont la substance est très-élastique, se prête, en se développant, à cet accroissement. Parvenu à son dernier degré de développement, la grande sensibilité dont jouit cet organe, force les fibres à réagir en sens contraire ; alors le fœtus pressé de tout côté, perce, par son propre poids, les membranes ou toiles qui l’environnent ; les eaux qu’elles contiennent s’écoulent, & le fœtus les suit : enfin, par un dernier effort, la matrice pousse au dehors le placenta, & l’accouchement est terminé.

Souvent, par les seules forces de la nature, l’accouchement se termine heureusement ; mais quelquefois il arrive que l’on est obligé de venir à son secours. Comme nous ne prétendons pas donner ici un traité complet d’accouchement, nous ne parlerons que des secours que l’on peut porter dans des cas pressans, pour donner le tems d’appeler les gens initiés dans l’art.

Si la femme en travail est très-sanguine, il faut lui faire une saignée du bras, l’exposer à la vapeur de l’eau bouillante, dans laquelle on aura mêlé des herbes émollientes, & lui donner un lavement. Ces moyens réunis favorisent une détente dans les parties extérieures, diminuent la résistance, & accélèrent la terminaison de l’accouchement.