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le bois d’acacia, venu même dans un terrain humide, s’est trouvé si dur qu’il résistoit presque à la hache : en total, c’est un bois fort dur, quoiqu’il vienne très-vîte.

Si on veut, dit M. Duhamel dans son excellent Traité des Arbres, élever l’acacia de semences, il faut, sitôt qu’elles sont parvenues à leur maturité, les mêler avec un peu de terre, & les conserver dans un pot jusqu’au printems. Comme la graine est fine, on ne doit pas la recouvrir de beaucoup de terre. La semer dans des vases, seroit avantageux, & garantiroit les jeunes plantes de la grosse ardeur du soleil. On replante les jeunes arbres à la seconde année en pépinière, où ils doivent rester jusqu’à ce qu’ils aient acquis cinq ou six pouces de circonférence au pied. Il ne faut pas les replanter trop profondément.

Pour se procurer promptement des plants de ce faux acacia, on cerne le pied d’un arbre qui ait douze à quinze pouces de circonférence, & on coupe ses racines tout autour à la distance d’un pied & demi : alors l’arbre est arraché, & peut être replanté ailleurs. Laissez ouverte la fosse faite pour arracher l’arbre, & toutes les racines coupées pousseront des tiges & auront du plant en abondance.

Observation curieuse. Elle nous a été communiquée par un homme dont l’austère modestie défend de le nommer. Voici comme il s’explique ; il sera aisé de le reconnoître à son style. « J’ai semé une fois des faux acacias dans un terrain entouré de palis au milieu d’un buis, où cependant il pénétroit quelques lapins. Ils levèrent à merveille ; mais après l’hiver, je n’en trouvai pas un seul, & je ne trouvai point de tiges mortes par la gelée. La même chose est arrivée à quelques jeunes acacias que j’avois plantés dans le buis, de côté & d’autre, dans le tems que je n’étois pas maître de détruire le gibier : ils ont tous disparu. Notez que dans le même palis, il y avoit des citises, des coluthéa dont les lapins & lièvres sont si avides. Il y en avoit dont la tige avoit été écorcée pendant l’hiver ; mais au moins la tige restoit. »

» Je ne sus si je devois croire que le gibier les eût détruits, ou que des paysans les eussent volés.

» M. Duhamel m’a dit depuis, un fait qui fait tomber le reproche sur le gibier plutôt que sur les hommes.

» Dans son pays, les enfans ont découvert que les jeunes tiges d’acacia ont une écorce dont le goût ressemble à celui du réglisse ; & depuis cette malheureuse découverte, il ne peut plus avoir d’acacia de graines dans les lieux non fermés. Notez qu’il n’y a presque pas de gibier quadrupède dans son pays. Chez moi, les enfans n’en savent rien ; mais je crois que l’instinct des lièvres & des lapins va plus loin que celui des enfans.

» Tout le monde sait que l’acacia trace du pied. J’imagine que ces rejets venus de racine ont une écorce moins tendre, & sentent moins le réglisse que les jeunes pieds venus de graine »…

Comme on ne peut pas cultiver en France les véritables acacias qui donnent la gomme arabique, nous n’en parlerons pas. Ils croissent au Sénégal, en Arabie, &c. On peut