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M. Bell d’Anfermony, que les chevaux de l’armée russe, après avoir mangé de l’absinthe, moururent presque subitement, ou dans le jour.

Usages économiques. Plusieurs brasseurs substituent les fleurs de l’absinthe, & même ses feuilles & ses tiges, à la fleur du houblon, dans la fabrication de la biere ; & cette biere porte à la tête ; elle est enivrante. Quelques paysans en ajoutent au vin nouveau lorsqu’ils craignent que le vin ne se conserve pas.


Absinthe (petite), ou Pontique. Absinthium ponticum tenui-folium. C. B. P. Arthemisia pontica. L. Elle diffère de la première par son réceptacle nud, par ses feuilles très-divisées, & découpées très-finement. Elles sont couvertes en dessous d’un duvet blanchâtre. La racine est ligneuse, fibreuse & rampante ; les tiges ne s’élèvent ordinairement qu’à la hauteur d’un pied & demi.

Lieu. La Hongrie, la Thrace ; les jardins, en Provence & en Languedoc. Cette plante est vivace.

Propriétés. Les mêmes que celles de la précédente, mais avec moins d’activité.

Usages. Elle excite légérement le cours des urines, cause quelquefois dans la région épigastrique une douleur plus ou moins vive. Elle est indiquée dans les maladies occasionnées par les vers contenus dans les premières voies, lorsqu’il n’y a point d’inflammation ; dans les fièvres intermittentes, dans les obstructions du foie par fièvre intermittente, dans les pâles couleurs, dans les maladies de foiblesse, dans la suspension des règles avec cachexie, dans les météorismes sans inflammation ni disposition vers cet état, dans la gangrène humide ; dans les rapports acides, unie avec les terres absorbantes. Intérieurement & extérieurement, elle est nuisible aux personnes dont la poitrine est délicate & foible, & à celles dont les viscères du bas-ventre sont faciles à s’enflammer ; aux sujets exposés à des maladies convulsives, aux enfans, aux femmes enceintes, & à celles qui nourrissent. Ainsi l’on voit qu’il faut de la prudence & du discernement pour prescrire l’usage de ces deux espèces d’absinthe.

Les feuilles sèches se donnent depuis demi-drachme, jusqu’à une once, dans six onces d’eau. Les feuilles récentes, depuis une drachme, jusqu’à une once & demie, également en infusion dans cinq onces d’eau.


ABSORBANT. C’est le nom que l’on donne à tous les médicamens terrestres & poreux, dont la propriété est de s’imbiber, & de se charger des humeurs surabondantes & aigres qui croupissent dans l’estomac. Ces remèdes conviennent particuliérement aux enfans dont les premières voies sont le plus souvent farcies de matières acides : les substances absorbantes venant à s’unir avec les acides, forment un sel neutre qui procure les effets d’un purgatif. Pour en tirer un avantage plus certain, on les mêle avec un purgatif à doses égales ; la rhubarbe est le purgatif que l’expérience a prouvé être le meilleur.

Les doses varient suivant l’âge & les forces. Pour un enfant d’un an,