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verd plus foncé que celles d’aucun autre abricotier. Son fruit est par la peau d’un brun foncé approchant du noir : la chair est d’un rouge brun très-foncé. Le goût de ce petit fruit est très-agréable. »


Abricot-pêche, autrement dit de Nanci, ou de Wirtemberg ou de Nuremberg. (Voyez Pl. 4. p. 191) Armeniaca fructu maximo, compresso, hinc flavo, indè rubescente. Duhamel.

Avant de décrire ce fruit, il convient de placer ici son historique, & il seroit satisfaisant pour les amateurs de connoître celui des autres fruits. Il est constant que la province de Languedoc est le berceau d’où cet abricot a été tiré & multiplié en France. M. Duhamel l’appelle abricot de Nanci, sans doute parce que c’est dans les environs de cette ville qu’il l’a découvert pour la première fois. Il est cependant nécessaire de ne pas varier & changer la dénomination sous laquelle un fruit est connu, autrement la nomenclature du potager seroit aussi confuse que celle de la botanique. La ville de Pézenas jouit de la réputation d’avoir les meilleurs abricots-pêches & les meilleurs melons dont les côtes sont chargées de verrues. Comment ce fruit a-t-il été naturalisé en Languedoc ? est-ce par le transport, est-ce par la culture, ou bien est-ce un fruit hibride du pays ? Je pencherois beaucoup pour la dernière question, & croirois que l’abricot-pêche provient de l’union des étamines, (voyez ce mot) ou poussière fécondante de quelque pêcher, portée sur le pistil, (voyez ce mot) d’une fleur de l’abricot commun. Ce qu’il y a de certain, c’est que M. Charpentier, amateur & curieux de beaux fruits, passant par Pézenas, trouva excellent le fruit qu’on y désignoit sous le nom d’abricot-pêche, qu’il en transporta des greffes dans son jardin près de Paris, situé au village de Mousseaux, paroisse de Clichy. Il les communiqua aux curieux & aux pépiniéristes de Vitry, & de là cet abricot a été transporté dans les provinces du nord de la France. Il a l’avantage de venir de noyau, n’a pas besoin d’être greffé, & par conséquent il peut être prodigieusement multiplié. Bientôt ce sera l’abricot le plus commun des jardins, & il nous fera abandonner la culture des espèces inférieures en qualité. Cet arbre n’étoit sans doute pas commun ou bien connu à Paris il y a douze ou quinze ans, puisqu’il n’en est fait aucune mention dans la nouvelle édition du Dictionnaire Économique de Chomel, publiée en 1767, où il est parlé de toutes les espèces d’abricots, excepté de celle-ci.

Fleur, la plus large de toutes les fleurs des espèces d’abricots ; les pétales épais, bien nourris, légérement chantournés à leur sommet. Le calice a cinq grandes découpures & il est garni de folioles coriaces à sa base.

Fruit. C’est le plus gros des abricots, & aucun ne varie autant que lui pour sa forme & pour sa grosseur. La couleur de sa peau est d’un jaune fauve du côté de l’ombre & un peu rouge du côté du soleil. La rainure est seulement