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on les couvriroit avec des branchages verds, pour les en garantir, ou avec de gros linges mouillés. C’est pendant ce mois qu’il faut, pour le plus tard, marier les derniers essaims, quand on n’a pas pu le faire après leur sortie, & qu’il faut aussi réunir les ruches trop foibles.


Aoust.


Dans bien des endroits, les abeilles peuvent faire, pendant ce mois une abondante récolte : dans les pays où l’on sème beaucoup de bled noir ou sarrasin, il faut tirer parti de leur industrie, & les obliger à travailler. Pour cet effet, on ajoute à leur ruche une hausse par le bas, si elle est pleine, ou du moins très-avancée : à la vue de ce vuide à remplir, leur ardeur se ranimera, & elles travailleront au-delà de ce qu’on pouvoit attendre de leur activité. Le pillage est très à craindre, surtout s’il n’y a point de récolte à faire : il est donc nécessaire d’avoir recours aux précautions qui peuvent l’empêcher.

Pendant ce mois les abeilles déclarent la guerre aux faux-bourdons, & les chassent de leur république : elles sont fort occupées à s’en défaire, & souvent elles n’en viennent à bout que difficilement, & après qu’ils ont consommé beaucoup de provisions. Tout le tems que durent cette guerre & ce massacre, est perdu pour leur récolte, s’il y en a à faire : avec de la patience, on pourroit les aider à se débarrasser de ces bouches inutiles ; il suffiroit de veiller aux portes des ruches ; & à mesure qu’ils sortent, on les saisiroit avec des pinces ou avec de petites baguettes engluées.


Septembre.


Le pillage est encore à craindre pendant tout ce mois ; il faut donc employer les moyens d’en préserver les abeilles. Vers la fin, on dégraisse les ruches : dans les cantons où les abeilles ont trouvé beaucoup de bled noir, on peut faire une abondante récolte de cire & de miel, qui ne gagneroient rien à passer l’hiver dans la ruche. En les taillant, on ne leur rend point de hausse ; l’habitation étant moins vaste, elle sera plus chaude pour l’hiver. On ne taille point, dans cette saison, les ruches de l’ancien systême ; on a dû le faire au mois de Juillet : ce seroit agrandir le domicile des abeilles, & leur rendre un très-mauvais service pour l’hiver.


Octobre.


Quand on n’a point taillé les ruches dans le courant de Septembre, on ne doit point différer à le faire les premiers jours de ce mois. Vers la fin, on dispose les ruches à passer l’hiver, si le tems est froid : quand il fait beau, on peut attendre les premiers jours de Novembre, & les mettre alors en état de supporter la rigueur du froid, auquel il faut s’attendre dans cette saison.


ABONDANCE. Elle a été la ruine des cultivateurs, & elle l’est toujours des propriétaires des vignobles. Cette assertion paraît au premier coup d’œil être un paradoxe outré ; mais malheureusement