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à la partie qui reste sur la table. En divisant de cette sorte une ruche en deux portions, on en fait deux petites, dont une aura une reine & l’autre n’en aura point. Celle qui en manquera aura soin de s’en pourvoir ; c’est son affaire, il ne faut pas s’en mettre en peine.

Lorsqu’on a séparé avec le fil de fer la partie supérieure de la ruche de l’inférieure, on l’ôte de dessus pour la placer tout de suite sur une hausse vuide qui pose sur une planche qui a vers son milieu une ouverture de trois à quatre pouces de diamètre, à laquelle est un grillage de fil de fer, ou une plaque de fer-blanc percée de petits trous, qui, en donnant de l’air aux abeilles, doit les empêcher de sortir. On remet un couvercle sur la partie de la ruche qui est restée en place, qu’on arrange comme il doit l’être : on transporte la partie supérieure de la ruche dans un endroit un peu obscur, afin que les abeilles qui sont renfermées fassent moins de tumulte, & ne s’agitent point pour sortir. Le lendemain, & même deux ou trois jours après, si le tems n’étoit pas favorable, on rapporte la partie supérieure de la ruche, au moment du grand travail des abeilles, près de l’autre partie qui étoit restée en place : on enlève celle-ci pour mettre sur son support celle qu’on a apportée, après avoir ôté la planche percée, & on remet l’autre, comme la première, sur une hausse vuide, qui a aussi par-dessous une planche percée comme avoit la première. On débouche les ouvertures, & les abeilles qui reviennent des champs y entrent comme dans l’autre pour y travailler comme si on ne les avoit point dérangées. On transporte la partie inférieure qu’on vient de déplacer, dans un endroit obscur ; & après le soleil couché, on la fait voyager à une demi-lieue delà. Quand on s’apperçoit que la ruche qu’on a mise en place est peu fournie de mouches, on soulève un peu celle qui est à côté ; il en sort assez d’abeilles pour grossir le nombre des autres. La raison de ce voyage est d’empêcher ces insectes de retourner à l’endroit où ils étoient, ce qui arriveroit si on les laissoit trop près des autres.


Section IV

Nouvelle méthode pour former des Essaims artificiels par le partage des Ruches ; inventée par M. de Gélieu, Pasteur à Lignières.


Pour former des essaims artificiels selon les procédés de M. de Gélieu, il est nécessaire que les abeilles soient logées dans les ruches de son invention. (Voyez la Section où elles sont décrites, afin de bien comprendre la méthode qu’il suit dans cette opération, pag. 85.)

On ne doit point songer à faire des essaims artificiels, à moins que la ruche ne soit bien fournie d’abeilles, & remplie d’abondantes provisions ; autrement on risqueroit de perdre une colonie en l’affoiblissant par la division du peuple & des denrées destinées à son entretien. Une ruche foible dans son origine, donneroit deux essaims qui parviendroient difficilement à se fortifier, à ramasser les provisions nécessaires pour les tems de disette, & à construire les logemens dans lesquels la