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les essaims tardifs & peu nombreux en abeilles, sont les mêmes qui doivent décider à réunir les ruches foibles.


CHAPITRE XI.

Des Essaims artificiels.


Section première.

De la manière de former des Essaims artificiels, selon la pratique de M. Schirach.


M. Schirach, Pasteur à Klein-Bautzen, & secrétaire de la société économique pour la culture des abeilles, dans la Haute-Lusace, a imaginé de prévenir la nature, en trouvant l’art de former des essaims. Pour bien comprendre ses procédés dans la manière de se procurer des essaims, il faut connoître l’espèce de ruche ou de boîte qu’il emploie à cet effet, & dont on trouvera la description à l’article des Ruches.

Dès que le soleil commence, à la fin de Février, & au commencement de Mars, à exciter une chaleur douce & bienfaisante, les abeilles sortent de leur engourdissement, & sont rappelées à la vie, dont le froid les avoit privées : tout se ranime alors dans la ruche, les habitans reprennent leurs occupations : tandis que les ouvrières exerceront leurs talens dans les ouvrages admirables de leur industrie, la reine recommencera sa ponte, qui avoit été interrompue par la rigueur de la saison. Au premier de Mai, on peut donc travailler aux essaims, puisqu’on trouvera dans les ruches les différentes sortes de couvain qui sont nécessaires pour cette opération. On se munit, pour cet effet, d’autant de boîtes qu’on peut avoir d’essaims ; chaque boîte doit avoir son rateau, qui est fait avec huit ou dix chevilles qu’on passe dans les trous qu’on a faits à un bâton, à distances égales, dont la longueur est proportionnée à la largeur de la boîte.

On choisit un beau jour, & on attend que le soleil ait disparu de dessus l’horison, afin qu’il n’ait plus assez de force pour agiter les abeilles : le grand matin seroit aussi un moment très-favorable, parce qu’elles sont encore engourdies par la fraîcheur de la nuit. On prend alors dans différentes ruches, & à proportion de leurs forces, trois morceaux de gâteaux, de la grandeur de la paume de la main, & qui contiennent du couvain. On met ces trois morceaux entre les chevilles du rateau, en observant qu’ils ne se touchent point, & que leur position soit la même qu’elle étoit dans la niche ou ils ont été pris. On finit de garnir les autres chevilles du rateau avec des pièces de gâteaux qui contiennent du miel, & d’autres qui ne sont qu’en cire. On couvre le rateau avec une portion de gâteau qui contient les trois sortes de couvain ; c’est-à-dire, des œufs, des vers nouveaux-nés, de ceux qui sont entiérement formés, & des nymphes : c’est ordinairement à ce dernier gâteau que les ouvrières bâtissent la cellule royale. On place ce rateau garni de couvain, sur le pont ou la galerie de la boîte, & on a l’attention de laisser sur les rayons les abeilles qui s’y trouvent lorsqu’on les prend