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moissonner : on ne doit point attendre le mois d’Octobre, parce qu’alors il n’y a plus de récolte à faire, & qu’il ne faut pas rendre leur logement trop spacieux à cause du froid, en le dépouillant d’une partie des provisions qui le remplissent.

Quant aux ruches qui sont composées de plusieurs hausses, on peut se dispenser d’une seconde taille en Juillet, quoiqu’il y ait encore une seconde récolte à espérer pour les abeilles : on se contente alors d’ajouter une hausse par le bas, afin que les abeilles ne soient point oisives, & qu’elles puissent profiter des nouveaux bienfaits que la campagne va leur offrir incessamment. Si elles étoient diligentes & laborieuses, & qu’il y eût une abondance assez considérable, une seule hausse ne suffiroit pas ; elle seroit bientôt remplie, & une seconde leur seroit encore nécessaire dans peu de tems. Vers le milieu d’Octobre, on partage alors la dernière récolte des abeilles, & toujours avec discrétion, parce que cette saison n’est plus un tems de travail pour elles ; on profite, par ce moyen, d’une partie du miel & de la cire qu’elles ont amassés.


Section V.

Des connoissances nécessaires pour tailler les Ruches.


Toute personne indifféremment n’est pas propre à tailler les ruches, & sur-tout celles de l’ancien systême ; il faut connoître parmi les gâteaux ceux qui contiennent le miel & ceux qui renferment le couvain : cette distinction est essentielle à faire, autrement on prendroit les gâteaux où est le couvain pour ceux qui contiennent le miel, & on détruiroit par-là la famille naissante, qui est l’objet le plus cher de l’espérance des abeilles. Le couvain est ordinairement placé sur le devant de la ruche, comme la partie la plus propre pour le faire éclore, & la plus convenable aussi pour son éducation. On connoît dans les gâteaux les cellules qui contiennent le couvain, c’est-à-dire les nymphes & les vers prêts à se métamorphoser, aux couvercles dont elles sont bouchées, qui sont convexes & un peu bruns ; au lieu que ceux qui ferment les cellules où il n’y a que du miel, sont plus plats & plus blancs. On doit aussi porter de l’attention sur les cellules qui paroissent vuides, dans lesquelles cependant il peut y avoir des œufs ou des vers nouvellement éclos, afin de les épargner : lorsque la vue ne suffit pas pour appercevoir dans la ruche s’il y a des œufs ou des vers dans les cellules qui paroissent vuides, on peut rompre un morceau de gâteau, & l’examiner de plus près pour savoir s’il n’y a point d’œufs ni de vers dans les cellules, qui au premier coup d’œil paroissoient n’en point contenir. Sans cette connoissance, on porteroit un fer meurtrier dans les gâteaux qui contiennent le couvain, comme dans ceux où il n’y a que du miel, & on seroit privé d’un essaim qui seroit peut-être sorti peu de jours après.

Avec les ruches qui sont composées de hausses, on ne craint