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le champ la planche percée sur son embouchure, en ayant attention que le rebord de trois pouces se trouve sur le devant ; & on met tout de suite la ruche vuide, où l’on veut établir les abeilles, par-dessus : on condamne l’ouverture de la ruche qui est en dessous, avec un bouchon de liége, afin d’obliger les abeilles d’entrer par celle de la nouvelle ruche qu’on leur a donnée. On met le surtout qui vient reposer sur la planche qui sépare les deux ruches, & qui, pour cet effet, doit déborder assez de tous côtés pour le recevoir. On laisse le tout ainsi disposé pendant trois semaines, afin que les abeilles aient le tems de s’accoutumer à leur nouvelle habitation, & qu’elles puissent élever le couvain qui est dans l’ancienne ruche : au bout de ce tems, on sépare les deux ruches, en ôtant la vieille de sa place, pour y remettre la nouvelle. S’il reste quelques abeilles dans l’ancienne, trop attachées aux ouvrages qu’elles y ont construits, on les enfume pour les obliger à sortir & à se rendre dans la nouvelle, qu’elles sont déjà accoutumées à regarder comme leur vrai domicile.

Lorsque les ruches, composées de plusieurs hausses, sont trop vastes, à l’entrée de l’hiver, pour le nombre des abeilles qui l’habitent, on est dispensé de les transvaser, en ôtant par le bas une hausse, ou même deux, s’il est nécessaire. En diminuant ainsi leur logement, elles auront moins à redouter la rigueur de la saison.


Section IV.

Des différens moyens qu’on peut employer pour obliger les Abeilles à passer dans la Ruche dans laquelle on les transvase.


L’eau, le vent, la fumée, sont les moyens qu’on emploie communément, & non pas avec le même succès, pour forcer les abeilles à quitter la ruche d’où on veut les déloger. Lorsqu’on veut faire usage de l’eau, on fait, au sommet de la ruche, un trou de trois ou quatre pouces de diamètre, & si la ruche est composée de hausses, on ôte simplement le couvercle de celle qui est la supérieure ; on plonge la ruche par son embouchure, dans un baquet qui contient assez d’eau pour qu’elle puisse y être entiérement submergée. Après avoir mis, avec toutes les précautions qui sont nécessaires pour cet effet, la nouvelle ruche où l’on veut établir les abeilles, sur l’ancienne, on baisse peu-à-peu la ruche dans le baquet, en s’arrêtant de tems en tems, pour que les abeilles aient le loisir de monter : à mesure qu’elles sentent la fraîcheur de l’eau, elles se retirent dans la partie la plus élevée, & l’eau, qui monte toujours, les oblige à sortir par l’ouverture qui est au sommet de leur habitation, pour entrer dans la nouvelle qu’on a placée sur l’ancienne. Quand l’eau est parvenue au niveau du sommet de la ruche submergée, on enlève celle qui est par-dessus, qu’on place tout de suite sur sa table. S’il y a quelques abeilles qui soient restées sur l’eau, on les ramasse avec une écumoire, pour les mettre sur un