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faut observer que, pendant qu’il fait froid, elles ne font aucune dépense en alimens, & qu’il y a des mois où un quart suffira : on doit prendre garde, cependant, à n’être pas trop économe avec elles ; il faut se ressouvenir qu’on est bien dédommagé, par une bonne récolte, des soins & de la dépense qu’elles ont demandés.


Section III.

Des précautions qu’il faut prendre en donnant de la nourriture aux Abeilles.


Quelle que soit l’espèce de nourriture qu’on donne aux abeilles, il faut avoir attention de n’en jamais laisser tomber sur la table de la ruche ; ce seroit un appât pour les guêpes, les frélons, qui étant attirés par ces douceurs, ne se contenteroient peut-être pas de ce qu’on leur abandonneroit, & prendroient occasion d’entrer dans la ruche : les abeilles voisines, sans avoir besoin des secours qu’on donne à celles qui sont dans l’indigence, seroient peut-être tentées d’aller inquiéter celles dont on soulage la misère ; elles pourroient chercher les moyens d’aller vivre à leurs dépens, & s’abandonneroient au pillage, afin d’épargner les provisions dont leurs magasins sont fournis. Pour prévenir tous ces inconvéniens, on grille les ouvertures des ruches indigentes, auxquelles on a porté des secours, afin qu’elles ne soient point inquiétées, & qu’elles puissent jouir des dons qu’on leur a faits ; la nuit seulement on ôte le grillage qu’on remet pendant le jour. S’il faisoit trop chaud, on tiendroit la ruche soulevée avec de petites cales de bois qu’on glisseroit par-dessous, de manière que les abeilles ne puissent point sortir, & qu’il soit impossible d’entrer chez elles pour les chagriner.

Tous les sirops qu’on donne aux abeilles, doivent être bien refroidis : s’ils étoient chauds, il s’éleveroit des vapeurs dans la ruche, qui y laisseroient de l’humidité. Quand on est obligé, à la fin de l’hiver, de donner de la nourriture aux ruches foibles, il faut attendre que les abeilles soient sorties pendant une journée, & qu’elles se soient défaites de toutes les matières qui ont séjourné long-tems dans leur corps ; autrement elles se vuideroient dans leur habitation. Cependant si une ruche étoit absolument dépourvue, il ne faudroit pas attendre la première sortie des abeilles, pour leur fournir de quoi vivre, parce qu’il pourroit arriver que la saison ne permît pas de leur rendre la liberté, aussi-tôt qu’on l’espéreroit, & qu’elle fût malgré cela assez douce pour les réveiller de leur engourdissement, & les exciter à satisfaire leur appétit : en les condamnant dans une pareille circonstance, à l’abstinence, on les exposeroit à mourir de faim.


Section IV.

Des différentes manières de donner de la nourriture aux Abeilles.


Lorsqu’on donne, avant l’hiver, de la nourriture aux abeilles, soit en miel ou en sirop, on doit leur mettre tout à la fois la quantité qui leur est nécessaire pour passer la mauvaise saison, afin qu’elles puissent tout de suite l’enlever, &

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