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peut se trouver contre les parois de la ruche, qu’on essuie avec un linge propre pour ôter les vapeurs qui y sont attachées.


Section III.

Soins qu’on doit aux Abeilles après leur avoir entiérement rendu la liberté.


Les soins qu’on doit aux abeilles après les avoir tirées de leur retraite, & lorsqu’elles jouissent de toute leur liberté, se réduisent, 1o. à prévenir & à guérir les maladies auxquelles elles sont sujettes après l’hiver ; 2o. à empêcher le pillage, dont les ruches foibles, principalement, sont menacées ; 3o. à veiller à la sortie des essaims. Les quatrième & cinquième chapitres qui suivent, vont traiter des maladies & du pillage ; le dixième, qui traite des essaims, renferme tout ce qui est relatif à cet objet.


CHAPITRE IV.

Des maladies auxquelles les Abeilles sont sujettes, et des Remèdes qu’on peut employer avec succès.


Section première.

Des causes de la Dyssenterie, & du remède qu’on doit employer.


La plupart des auteurs qui ont écrit sur la manière de gouverner les abeilles, attribuent la cause de la dyssenterie qui leur survient quelquefois, après l’hiver, aux fleurs de tilleul, d’orme, &c., dont elles sont extrêmement avides ; d’autres au miel nouveau, dont elles mangent avec excès les premiers jours de leur sortie. Si les fleurs de tilleul, ou le miel nouveau, étoient les vraies causes de la dyssenterie, toutes les abeilles prendroient cette maladie, puisqu’elles y vont toutes pour s’en rassasier : cependant toutes les ruches qui ont ces fleurs à leur disposition, ne sont pas atteintes de cette maladie ; dans une douzaine, quelquefois trois ou quatre seulement en seront attaquées, tandis que les autres se porteront bien.

Un long séjour dans la ruche, & le miel, qui, pendant ce tems, est la seule nourriture des abeilles, quand elles n’ont plus de provisions de cire brute, sont l’unique cause de la dyssenterie, qui ne survient communément qu’aux abeilles foibles & mal constituées, qui n’ont pas eu assez de force pour résister au long séjour qu’ont fait dans leur corps les matières qu’elles avoient besoin d’évacuer. M. de Réaumur a nourri pendant un certain tems, seulement avec du miel, des abeilles qu’il tenoit renfermées, & elles ont toutes été attaquées de la dyssenterie : cette expérience l’a convaincu, que quand la cire brute leur manquoit, & qu’elles étoient obligées de ne se nourrir qu’avec du miel, elles prenoient la dyssenterie. On est d’autant plus fondé à croire que cette maladie n’a pas d’autre cause, que les abeilles n’y sont sujettes qu’après l’hiver, lorsque leur provision de cire brute est finie. Cette maladie dangereuse & épidémique, perd infailliblement une ruche entière, si on néglige d’y apporter du remède ; parce que celles qui en sont attaquées la communiquent aux autres par leurs excrémens qui tombent sur elles.