Jules d’Haberville et Archibald Cameron of Locheill
— Arche, comme on l’appelle familièrement — sont
des amis de collège que la camaraderie a rendus frères.
Arche est un orphelin des montagnes de l’Ecosse : fils
d’une mère française qu’il perdit dès l’âge de quatre
ans, et d’un chef de clan qui périt dans cette désastreuse
bataille de Culloden où s’abîma pour jamais l’indépendance
de l’Écosse, il fut recueilli par un oncle maternel,
un jésuite, qui l’envoya à Québec, au Collège des
Pères de la Compagnie. Jules estime Arché pour ses
malheurs, il l’aime pour son âme franche et loyale.
Quand arrivent, chaque année, les grandes vacances, il
l’amène avec lui au manoir paternel de Saint-Jean-Port-Joli,
où l’orphelin est accueilli comme l’enfant du foyer.
Au printemps de 1757, Jules, qui a du sang de soldat dans les veines, s’en va commencer en France sa carrière militaire. Arché retourne en Angleterre où il prend du service. Mais la guerre est déclarée entre les deux grandes nations, et elle ramène au Canada, sous des drapeaux ennemis, les deux frères. Arché, qui ne peut trahir son roi, exécute les ordres les plus cruels, et il est en proie aux déchirements de sa conscience. C’est lui qui incendie le manoir des d’Haberville. Il devient odieux à ses anciens bienfaiteurs.
Jules, qui sait les devoirs austères de la vie militaire, se réconcilie le premier avec Arché. Mais ce n’est que plusieurs années après la cession, que le malheureux lieutenant de Montgomery peut rentrer en grâce au manoir reconstruit des d’Haberville.
Pour sceller d’un serment solennel et sacré ce nouveau pacte d’alliance, Arché demande à Blanche sa main. Tous deux sont épris l’un de l’autre, mais Blanche sacrifie encore une fois sa passion à sa dignité, et elle refuse d’épouser celui qui fut l’incendiaire de sa maison.
Jules prend pour femme une jeune Anglaise qu’il a connue sur le vaisseau qui le ramena au Canada. Il